G.-J.B. Target (1733-1807)

 Claudine Barthélemy, commerçante à Ébreuil (Allier)

1791-1804

Retour à l'accueil

Guide de recherche

Glossaire

Bibliographie

Travaux personnels

 

© Il vous est possible d'utiliser, en toute liberté, dans vos propres travaux et recherches, tout ou partie de ce document, à une double condition conforme aux usages de publication : l'exactitude des citations reproduites ; la référence de la source produite.

Mots clés : Ébreuil - Allier - Justice de paix - Commerce local - Femme et commerce - Veuvages successifs - Famille - Train de vie

 

Sommaire de l'article (vous pouvez accéder directement à chacune des sections du texte) :

 

1 - La vie familiale de Claudine Barthélemy
          - la veuve
          - le tutrice de ses enfants
2 - La vie professionnelle de Claudine Barthélemy
3 - À la recherche des élements de sa fortune personnelle
Notes


 

C'est dès la première audience de la justice de paix, la nouvelle juridiction installée à Ebreuil [1], le 5 janvier 1791, que Claudine Barthélemy, marchande, habitante de la ville, est citée. Au cours des treize années qui suivent, jusqu'à son décès en 1804 (le 29 messidor an XII), elle est présente dans seize affaires différentes. Son inventaire après décès, dressé par le juge de paix, complète cet ensemble qui permet de sortir de l'oubli quelques moments de la vie d'une femme ordinaire du milieu rural bourbonnais, à l'époque révolutionnaire. Seront présentés ici, successivement, les aspects de sa vie familiale, ceux de sa vie professionnelle et enfin ceux de sa situation matérielle, tels qu'ils apparaissent à travers les archives de la justice de paix.

1) La vie familiale de Claudine Barthélémy

Son état civil a pu être en partie reconstitué à partir de l'inventaire établi après son décès : comme il en fait foi, Claudine Barthélémy [2] a été mariée quatre fois et laisse "des enfants des quatre lits". Tous ses maris sont décédés.
En première noce elle a épousé un certain Guillaume Brassier dont le nom n'apparaît jamais devant le juge de paix ; on ne sait rien de ses enfants.
En secondes noces, elle s'est mariée avec Antoine Auclair dont elle eu des enfants pour lesquels elle a exercé la tutelle avec Joseph Mounin son troisième mari [3].
De ce dernier elle a eu deux filles, Marie qui convolera avec Léger Boeuf  puis Jean Vivier, et Madeleine, mariée à un certain Pierre Bernard "propriétaire".
Son quatrième et dernier mari est Jean Péronnet [4] un marchand cabaretier dont elle a deux enfants, Jean, lui aussi marchand, et  Claire.
 
En tant que veuve d'abord, puis en tant que tutrice de ses enfants, Claudine Barthélémy a plusieurs fois à faire au juge de paix.
 

La veuve

En janvier 1791, c'est en tant que "veuve et commune de Jean Peyronnet, vivant marchand cabaretier de cette ville" qu'elle comparaît "au sujet (...) d'une somme de vingt-quatre livres pour la valeur d'un tonneau que lui avait prêté le nommé Pierre Richier, cordier de ladite ville (...)".
L'affaire est compliquée : c'est Pierre Richier qui avait prêté le tonneau à un maître menuisier de Clermont-Ferrand, Augustin Sirot ; celui-ci a été condamné par "une sentence de la sénéchaussée de Clermont du quatre septembre mille sept cent quatre-vingt-quatre à payer audit Richier la somme de vingt-quatre livres pour la valeur dudit tonneau et aux dépens". Sirot a fait une demande en recours contre Peyronnet, mari de Claudine Barthélémy, à qui il avait, à son tour, prêté le tonneau ; mais celui-ci est décédé entre temps.
"Claudine Barthélemy ayant comparu a soutenu qu'elle avait renoncé à la communauté d'entre elle et son mari, l'expédition de laquelle renonciation elle ne pouvait justifier quant à présent étant produite ainsi que son contrat de mariage au procès qu'elle a à Riom, que de plus les scellés ont été apposés (...)". Mais elle est obligée de convenir qu'elle n'a fait faire aucun inventaire du mobilier laissé par son mari.
Elle est condamnée "personnellement à payer audit Sirot la somme de vingt-quatre livres de condamnation prononcée par ladite sentence, plus celle de quatorze livres dix-huit sols pour les dépens liquidés par ladite sentence, ensemble les intérêts de ladite somme de vingt-quatre livres depuis le dix août mille sept cent quatre-vingt-quatre (...) en outre, aux dépens que nous avons liquidés à la somme de huit livres compte tenu des frais de voyage (...)". Elle est donc redevable, au total de 46 livres 18 sols, soit presque le double de la valeur du tonneau.
Même si la rupture de sa communauté avec son défunt mari n'est pas contestée, Claudine doit assumer les dettes contractées de son vivant par celui-ci.
 
Le mois suivant [5], c'est à nouveau comme défenderesse qu'elle est citée par trois habitantes de  Gannat : "(...) contre Claudine Barthélemy, veuve de Jean Peyronnet demeurant en la ville d'Ebreuil, en payement de la somme de vingt-cinq livres pour restant de l'obligation consentie par ladite Barthélemy solidairement avec le défunt Jean Peyronnet son mari, passée devant Conchard, notaire à Gannat le 27 7bre 1782, ensemble celle de huit livres pour les frais de ladite obligation (...) ". Elle ne comparaît pas et est condamnée à payer les 33 livres réclamées et les "intérêts et dépens que nous avons liquidés à la somme de dix livres dix-huit sols et six deniers dans lesquels sont compris deux sommations signées de Juriet, l'expédition et signification du présent jugement" : le dû s'élève alors à près de 44 livres.
 
Claudine Barthélemy, veuve d'un cabaretier semble donc, en 1791, avoir du mal à régler les affaires de son mari; il lui a laissé des dettes anciennes et relativement lourdes, sans parler du procès en cours à Riom qui ne figure pas au corpus [6]. Certes, pour se préserver, elle a renoncé à la communauté, mais elle n'a pas accompli toutes les formalités nécessaires : n'ayant pas fait faire l'inventaire des biens, elle demeure solidaire du défunt dans toutes ses dettes.
 

La tutrice de ses enfants

Le 13 mai 1797 (23 ventôse an V) Claudine Barthélemy comparaît à nouveau en justice, comme défenderesse. Il s'agit encore d'une affaire très complexe remontant à deux de ses précédents mariages, et à la tutelle des enfants qu'elle a eus avec Antoine Auclair d'une part et Joseph Mounin d'autre part : le remboursement d'une somme de 37 francs 13 sols que Joseph Mounin qui, alors "jouissait des biens des mineurs Auclair" aurait empruntée, le 17 août 1768 (il y a presque 30 ans!), à Jean Roche, décédé depuis. La somme a d'abord été réclamée à l'héritière de Joseph Mounin, Marie, la fille qu'il a eue avec Claudine Barthélemy ; mais celle-ci se retourne contre sa mère qui n'a pas "encore rendu compte de la gestion et administration qu'elle a eues des biens de ladite Marie Mounin sa fille" et demande qu'elle soit tenue "d'acquitter la susdite créance, sauf à elle à la porter en dépense dans son compte". Le juge condamne donc Marie à payer la somme aux héritiers de Jean Roche, et Claudine à la lui reverser ou à l'inscrire dans son compte de tutelle.
L'affaire ne s'arrête pas là. Claudine Barthélemy refuse de payer et Marie Mounin fait saisir un des débiteurs de sa mère, Jacques Morant, qui comparaît en décembre 1797 [7] et déclare "devoir à ladite Barthélemy la somme de soixante francs pour une année de loyer de maison échu au vingt-trois brumaire dernier, qu'il offre de payer à qui par justice sera ordonné (...)" ; mais Claudine Barthélemy ne se présente pas et l'affaire est reportée.
Le 13 floréal an X (3 mai 1802), c'est au bureau de conciliation que Claudine Barthélémy comparaît comme demanderesse contre la même Marie Mounin, à propos de "l'apurement et reddition du compte de tutelle". Depuis, Marie Mounin a été condamnée par un jugement "rendu au tribunal d'arbitres" à payer à sa mère la somme de 337,12 F de principal plus celles de 3,60F et de 85,77F. Mais depuis ce jugement, "Marie Mounin a passé en secondes noces avec Jean Vivier et n'a pas payé le montant des condamnations ci-dessus". Le couple ne conteste pas les dettes et accepterait de les payer "si la veuve Barthélémy voulait consentir à la rectification des erreurs et doubles emplois et omissions qui existent dans le compte de tutelle". Le juge ne peut que constater la non conciliation entre les parties.
 
Un an et demi après 1803, le 26 novembre et le 28 décembre (4 frimaire et 6 nivôse an XII), Claudine Barthélémy comparaît deux nouvelles fois ; mais il s'agit alors d'une question totalement différente : sa fille, Marie Mounin, vient de décéder ; elle laisse un enfant de son premier mari Léger Bœuf, la petite Marie âgée de 8 ans . Claudine se présente devant le juge pour demander "pour la conservation des droits de Marie Bœuf (…) sa petite fille, elle requérait notre transport dans la maison où est décédée ladite Marie Mounin sa fille à l'effet d'y apposer notre scellé et faire la description des effets qui s'y trouveront en évidence et a signé sous toutes réserves : Barthélémy veuve Peronnet " [8]. Elle assiste à l'inventaire qu'elle signe avec son gendre. Le mois suivant elle demande que soit nommé un tuteur à l'enfant. Le conseil de famille réunit 6 témoins, tous sont des oncles, grand-oncle ou cousins. Tous sont "propriétaires" et signent le procès verbal sauf un, un oncle paternel menuisier "qui se retire sans vouloir signer". Le tuteur nommé est Jean Péronnet : c'est un oncle maternel, fils du dernier mariage de Claudine Barthélémy. Le subrogé-tuteur est Charles-François Ledoux, longtemps huissier de justice à Ebreuil.

Les démêlés familiaux de Claudine ne s'arrêtent pas avec le décès de sa fille. Un mois après, le 4 pluviôse an XII ( 25 janvier 1804) elle comparaît pour la dernière fois devant le juge de paix, au bureau de paix et de conciliation. C'est contre Jean Péronnet son fils, marchand demeurant lui aussi à Ebreuil, qu'elle veut régler des comptes (c'est lui qui a été nommé tuteur de sa nièce).  Elle lui demande : "1) cent quinze francs cinquante pour de la farine de blé froment qu'il a conduit à Thiers. 2) trente francs pour du chanvre pris chez elle. 3) vingt et un francs pour huit bottes de foin prises chez elle et dont il n'a payé que la moitié. 4) douze francs pour un câble neuf qu'il lui a emprunté. 5) cinq francs pour la valeur d'un vieux câble. 6) deux cent vingt-sept francs pour la valeur d'un billet. 7) trente francs pour le loyer d'une maison qu'elle lui a verbalement louée. 9) douze francs pour deux fûts de poinçons. 10) quatorze francs "pour la valeur d'une table que le cité a brisée dans le domicile de la citante en présence de témoins". Le tout se monte à 490,80 francs. Jean Péronnet propose, pour empêcher des frais ruineux, de faire nommer un arbitre. Les parties se mettent d'accord sur la personne de Louis Ballet, homme de loi habitant à Clermont, alors présent à Ebreuil. 
Mais l'affaire sera-t-elle conclue ? En effet, six mois plus tard, le 30 messidor an 12 (19 juillet 1804) c'est pour l'inventaire après décès de Claudine Barthélémy que Jean Péronnet pénètre chez sa mère avec le juge de paix.
 
En tant que veuve, Claudine Barthélémy a dû faire face aux diverses ardoises laissées par ses maris. Aux dettes qu'ils avaient contractées sont venus s'ajouter les problèmes de tutelle, sa fille Marie Mounin semblant particulièrement vindicative pour le recouvrement de ce qu'elle pense lui être dû. Dans sa dernière intervention Claudine Barthélémy ne semble pas non plus, il est vrai, prête à plus de générosité avec son fils. Elle montre alors qu'elle est capable d'une grande rigueur dans la tenue de ses comptes. Pourtant il semble bien que cette rigueur lui ait fait défaut à certains moments de sa vie puisqu'il apparaît qu'elle n'a pas accompli les formalités et démarches qui auraient préservé ses droits de veuve. Sont évoqués :
- un mariage sans communauté ( avec Joseph Mounin) ;
- la gestion des biens des mineurs Auclair, enfants de son second mari [9], et ce depuis le décès de Joseph Mounin qui en avait eu la jouissance après son mariage avec elle ;
-  un compte de tutelle pour Marie Mounin, sa fille (non fait) ;
-  un contrat de mariage avec Jean Peyronnet ;
-  une renonciation à la communauté avec Jean Peyronnet, après son décès ;
-  un inventaire de mobilier de la communauté (qu'elle n'a pas fait faire).
 

2) La vie professionnelle de Claudine Barthélémy


Malgré tous ses démêlés familiaux et les sommes qui lui étaient réclamées, Claudine Barthélémy est néanmoins parvenue à conserver son propre commerce, indépendant semble-t-il du cabaret de son dernier mari. En effet, en juin 1791 [10], c'est comme demanderesse qu'elle intervient. Elle réclame alors à Pierre Vasset de Lalizolle, "ci-devant employé (...) le payement de la somme de dix-neuf livres pour vente d'habits à lui faite depuis entour neuf mois (...)". Il ne comparaît pas et est condamné.

Quatre ans après, en 1795 [11] André Montelle, "tisserand demeurant au lieu du Dejay, commune de Pouzol  [12]", intente un procès "contre Claudine Barthélemy, veuve en dernières noces de défunt Jean Peyronnet, citoyenne demeurante en cette commune d'Ebreuil (...) au sujet de la réclamation faite par le demandeur contre la défenderesse 1° de la somme de quatre-vingt une livres pour la façon de quatre-vingt-une aunes de toile de lin qu'il lui a faite et ourdie depuis entour deux mois et finalement la somme de quinze livres pour le dévidage du fil de la même toile, aux offres qu'il fait de lui tenir compte de la somme de quatorze livres qu'il lui reste sur du blé orge qu'elle lui a livré sur la façon d'une autre toile qu'il lui a faite l'année dernière; 2° [13]  celle de cinquante sols pour deux coupes haricots et finalement celle de vingt-quatre sols six deniers pour sept livres de pain qu'elle lui a fournies. En conséquence il demande le paiement de la somme de soixante-dix-huit livres cinq sols six deniers qui lui reste due après la susdite déduction, avec intérêts et dépens (...) ".
Claudine Barthélemy comparait en personne et elle se défend avec beaucoup de vigueur : "elle a dit qu'il était vrai que le demandeur lui avait fait quatre-vingts aunes de toile, au lieu de quatre-vingt-une; mais qu'elle en avait payé la façon par la délivrance qu'elle lui avait faite d'une émine de froment, une coupe de haricots et vingt-huit livres de pain suivant la convention faite avec le demandeur; que de plus elle lui a donné six livres de farine et trois quartes de tabac par dessus le marché, qu'il s'en suivait qu'elle ne devait rien des causes de la demande de laquelle il devait être débouté avec dépens". Le demandeur affirme que le blé correspondait à la façon d'une autre pièce, mais il reconnaît la délivrance de farine et de tabac.
Toutes déductions prises en considération, la défenderesse est condamnée à payer 54 livres au demandeur qui doit "jurer et affirmer que la façon des quatre-vingts aunes de la toile dont il est question lui est bien et légitimement due et que le blé et les autres objets n'étaient pas pour le prix de ladite façon; laquelle affirmation a été à l'instant prêtée par le demandeur en présence de la défenderesse (...)".
Dans cet acte, le juge ne dispose pour prendre parti que des dires des protagonistes, qui sont partiellement contradictoires. Or il ne paraît pas très convaincu par ceux du demandeur, puisqu'il lui demande de les confirmer par serment. Pourquoi n'a-t-il pas fait la même demande à Claudine Barthélemy? Ses affirmations sont-elles moins crédibles que celles du demandeur, ou bien le juge fait-il plus aisément confiance à un homme? A moins que, traditionnellement, les seules affirmations du demandeur puissent être considérées comme justifiables par serment. Les Coutumes générales et locales du Pays et Duché de Bourbonnois [14] limitent à certaines catégories de commerçants la possibilité de la preuve par serment :
"Hôteliers, taverniers et revendeurs publics sont crus par leurs serments des "vivres et marchandises prises en leurs maisons, comme vin, pain, huile, chandelle "épicerie et autres denrées vendues à détail, jusqu'à cinq sols [15], dedans trois mois, "à compter du jour qu'elles ont été baillées, pourvu que le marchand qui les aura "baillées soit de bonne renommée (...)".
Sans doute ce texte n'est-il pas applicable ici puisque Claudine Barthélémy est défenderesse et non demanderesse, qu'il concerne non pas des vivres et marchandises, mais un dû pour façon, dû qui en outre dépasse largement les cinq livres… mais le demandeur lui non plus n'entre pas dans ce cadre.
Deux ans s'écoulent encore avant que Claudine Barthélemy ne revienne devant le juge de paix.
 
En février 1797 [16], c'est comme demanderesse qu'elle comparaît, dans une affaire de troc entre trois parties. Toujours qualifiée comme "veuve en dernières noces de défunt Jean Peyronnet", elle intervient contre Jean Durand, cultivateur demeurant au lieu de Barriaux, commune de Vicq, "au sujet d'une somme de trente-cinq francs réclamée par la demanderesse contre le défendeur qui s'était chargé de lui payer avec deux poinçons de vin et rois septiers de froment au lieu et place de Jan Bardin, propriétaire demeurant au lieu de Naves, ququel ladite Barthélemy était créancière d'une somme de deux cents francs en numéraire, et pour laquelle somme celui-ci devait lui payer lesdits deux poinçons de vin, trois eptiers de froment et trente-cinq francs en numéraire. Mais, par une convention faite entre toutes les parties la veille de Noël (v.s.), ledit Durand qui fit une acquisition dudit Bardin se chargea dudit paiement, en sorte qu'il est resté dû à ladite Batrhélemy que ladite somme de trente-cinq francs en numéraire (...) À laquelle citation ledit Durand ensemble ledit Bardin ayant comparu, ce dernier a dit prendre fait et cause de ce premier et a dit que la demanderesse a été plus que satisfaite par la délivrance qui lui a été faite desdits poinçons de vinet rois septiers de froment ppour les deux cents francs qu'il lui doit (...)".   
Les deux hommes reconnaissent l'exactitude de la convention passée avec Claudine Barthélemy et Bardin est condamné à payer, outre les 35 francs, la somme de 4 francs 5 sols pour "les intérêts et dépens".
 
En octobre 1797 elle présente une nouvelle demande au juge de paix [17], en tant que "veuve Peyronnet, marchande patentée contre François Boulignat, meunier à Vicq "au sujet du paiement d'un septier  une coupe de froment pour échange avec laine depuis entour dix-huit mois et finalement la somme de vingt-et-francs pour la valeur de quinze cents francs en assignatsprêtée en germinla an IV réclamée par la demanderesse contre le défendeur, avec intérêts et dépens".  Le défendeur ne comparaît pas, il est donc condamné à délivrer le froment " et ce dans le délai de trois jours" ou "à payer la somme de vingt franc vingt centimes pour la valeur d'icelui". Contre le dénommé François Boulignat, éternel débiteur et habitué des citations en justice de paix, la parole de Claudine Barthélemy vaut preuve suffisante. Sa situation économique semble avoir connu une nette amélioration depuis le temps où elle devait payer les dettes de son dernier mari : elle peut prêter de l'argent et continuer ses affaires commerciales sans apparente difficulté.
 
C'est trois ans et demi après, le 24 messidor an IX  (13 juillet 1801) que Claudine Barthélémy, toujours appelée "veuve Peyronnet" revient  pour son commerce devant le juge de paix; elle est, cette fois qualifiée de "cabaretière [18] patentée". Elle est demanderesse contre Jean Jouandon, propriétaire au lieu dit "Chalouze" à Lalizolle. Elle lui réclame 21 francs pour vente et délivrance de cotonnade "ouragan[19] depuis vendémiaire dernier, "et à lui remettre cinq sacs de coutil qu'elle a prêtés à son domestique aussi en vendémiaire dernier ou à lui payer pour la valeur d'iceux la somme de 18 francs". Le défendeur affirme ne rien devoir. Son fils a bien pris des cotonnades mais a donné "à son insu", en échange : "un cent de fagots, 4 planches de 9 pieds chacune, un baliveau et deux septiers d'avoine". A l'issue d'une longue discussion, le juge décide de faire appel à témoins. La suite ne figure pas au corpus.
 
Le 3 Floréal an X ( 23 avril 1802) Claudine Barthélémy, encore qualifiée de "cabaretière patentée" réclame à Antoine Labbé, propriétaire à Ébreuil, 50,15 F de compte fait entre eux pour "argent prêté, marchandises et dépenses faites dans l'auberge" ; en cas de dénégation, elle propose de faire entendre des témoins ; le défendeur reconnaît avoir emprunté 2,50F, mais dit les avoir rendus depuis longtemps et affirme avoir "surpayé" le reste. Des témoins comparaissent; sont-ce les filles du défendeur? Elles s'appellent toutes deux Claudine Labbé ; elles affirment qu'il est redevable de 45F à la demanderesse depuis environ 2 mois, et de plus elles jurent et affirment qu'Antoine Labbé a fait 5,15F de dépenses dans son cabaret depuis que le compte a été arrêté. Il est condamné à payer.
 

Il faut attendre plus d'un an pour retrouver Claudine Barthélémy en justice : le 12 novembre 1803 ( 10 brumaire an XII). Qualifiée alors et pour la première fois de "propriétaire", c'est cependant pour son négoce qu'elle intervient : elle dit avoir vendu de la laine à Pierre Provost, chapelier à Ebreuil depuis entour 3 mois; il lui doit 14 francs qu'il ne lui a pas payés. Il ne comparaît pas et, bien sûr, est condamné.
Ses deux derniers maris au moins ont des professions liées au commerce : un garçon boulanger, Joseph Mounin [20] et un cabaretier, Jean Peyronnet. Après le décès de celui-ci - ou peut-être avant -, elle prend un commerce à son compte (elle est qualifiée de marchande), mais rien ne prouve qu'elle tienne boutique au début du corpus. Dans les actes, elle est alors qualifiée de "marchande", puis de "marchande patentée". Mais le fait qu'elle soit qualifiée en 1797 comme "marchande patentée" indique qu'elle a un commerce dûment établi à Ébreuil, avant même de comparaître comme "cabaretière", en 1801 et 1802 .
Cette hypothèse se trouve renforcée par le nombre et la variété des objets de sa pratique :
- des produits agricoles bruts : du froment, du blé-orge, des haricots, des bottes de foin;
- des produits agricoles transformés : de la farine, du pain, du vin, du tabac;
- des textiles : du chanvre, de la cotonnade, de la laine et de la toile (qu'elle fait fabriquer) ainsi que des vêtements.
À partir de 1795 au moins (en 1791, elle réclame de l'argent pour des vêtements), ses ventes et ses achats connus en justice se font essentiellement sous forme de trocs de produits :
- en 1795, elle paie la façon de la toile avec du blé, des haricots, de la farine, du pain et du tabac; à cette époque la valeur de chaque élément est précisée en livres et sols.
- en février 1797, c'est un troc entre trois parties qui existe; elle se fait payer par un tiers en froment et vin - et le complément en francs - une somme due par son débiteur, créancier du tiers en question.
- en octobre 1797, c'est du froment qu'elle échange avec de la laine.
- en 1801 elle vend de la cotonnade qui lui aurait été payée avec des fagots, des planches, un baliveau et de l'avoine.

Ce type d'échange est très utilisé au moment de l'instabilité monétaire des années 1794-1796, Claudine Barthélemy le pratique couramment au-delà de cette période. Comme commerçante, cette femme paraît mener fort bien ses affaires ; elle est très à ce que les ardoises des clients ne montent pas trop et soient réglés régulièrement.
 


 
3) A la recherche des éléments de sa fortune personnelle

Jusqu'à son inventaire après décès, à l'exception des dettes dont elle est civilement responsable à la suite de ses veuvages, très peu d'éléments de sa fortune apparaissent dans le corpus.
Claudine Barthélémy est néanmoins susceptible de prêter de l'argent, puisqu'elle affirme que François Boulignat lui doit "quinze cents francs en assignats prêtés en germinal an quatre" (mars - avril 1796),  convertis en octobre 1797 à la somme de 21 francs qui est, en fait, très modeste.

Elle est propriétaire d'une maison, puisque son locataire est saisi en décembre 1797 à propos "d'une somme de soixante francs pour une année de loyer d'une maison". Cette somme est la plus forte de tout le corpus pour un an de loyer, la moyenne se situant aux environs de 30 livres, ce qui laisse supposer que la maison est relativement importante. Elle loue également une maison à son fils, Jean Péronnet à qui elle réclame 30 francs de loyer, mais on ne sait pas pour combien de temps. Elle n'est cependant qualifiée de "propriétaire" que deux fois, en 1803 et 1804.
 
Son inventaire après décès permet d'appréhender en détails son cadre de vie.
Comme sa fille Marie Mounin décédée quelques mois avant elle, Claudine Barthélémy habite quartier des Boucheries [21]. La maison est grande; elle comporte une cuisine et trois chambres, l'une au rez-de-chaussée, derrière la cuisine, les deux autres au premier. De plus, il y a une petite cave, un grenier et une écurie.
Dans la cuisine, comme toujours le juge décrit d'abord les accessoires de la cheminée; elle semble fort bien garnie : crémail, andelier [22], chenets, grille, pelle et pincettes. Au-dessus de la cheminée se trouvent 4 chandeliers en étain et un autre, petit, en cuivre jaune "presque usé". Puis le juge décrit sans aucun ordre apparent, comme toujours dans les inventaires, meubles, vaisselle et objets divers que nous avons regroupés pour la clarté de la présentation.
Le mobilier de cette pièce comprend : "une maie à pétrir pain, bois de chêne, une très petite table en sapin avec ses pieds, six chaises foncées en paille, et une vaissellière à deux battants dans le bas, un tiroir fermant à deux clefs, ayant un haut sans porte" . Des scellés sont apposés, sans description de contenu, sur les battants et le tiroir. Les ustensiles de cuisine sont nombreux et variés : "deux petits chaudrons en cuivre jaune, une mauvaise poissonnière raccommodée en tôle, deux casseroles, deux poëllons dont l'un très mauvais, deux poêles à frire dont l'une grande et l'autre petite, une autre poêle à marrons, deux tourtières et une autre petite, rapiécée en cuivre jaune, un couvercle de tourtière en tôle, un pot de fonte pouvant contenir environ un seau d'eau et plusieurs poteries en terre comme casseroles, plats pots et cruches de peu de valeur, une broche à rôtir, un panier en fil de fer pour égoutter salade, une pannière contenant de la graisse pesant entour 8 livres, deux crochets à peser, l'un pesant cinquante-cinq livres et l'autre soixante-douze". Sont encore en évidence "un seau ferré à puiser eau, une ancienne quarte à mesurer bled, deux salières en verre et une autre en faïence, un réchaud et une bassinoire aussi en cuivre rouge et une mauvaise lanterne en fer blanc".
L'inventaire se poursuit dans une chambre, "derrière ladite cuisine". Une grande armoire, qui fait partie de la succession, contient "les nippes et hardes à l'usage de Claudine Marcoux" la petite fille de la défunte ; vivait-elle avec sa grand-mère? La présence dans la même pièce "d'une couchette, avec sa paillasse et d'un fût de poinçon contenant la plume d'oie d'un lit pesant avec la couette en cotonnade rayée 38 livres" peut le laisser penser. Mais cette pièce avait aussi un autre usage, en effet il s'y trouve "deux longues tables de cabaret et quatre bancs, avec quatre chaises foncées en paille". Dans un placard sont rangés "de la vaisselle et plusieurs autre petits effets qui seraient trop longs à décrire". Le juge y appose ses scellés. C'est vraisemblablement là que Claudine Barthélémy tenait cabaret, d'autant plus que derrière cette chambre il existe "une petite cave" où sont entreposés "trois fûts de poinçons [23] qui contiennent entre eux trois un poinçon de vin rouge et un demi-poinçon de vin blanc".
Dans la chambre haute, au-dessus de la cuisine, il se trouve "un lit à baldaquin garni de son châlit, rideau de frison [24] vert et presque usé, d'un lit de plume [25] et son traversin, pesant avec leur couette trente-deux livres, un autre lit de plume pesant avec sa couette autre trente deux livres, les deux dites couettes, l'une en coutil et l'autre en cotonnade rayée, plus un autre lit de plume avec son traversin pesant avec leur couette en coutil blanc, trente et une livres. Plus un matelas dont la toile est toute neuve à carreaux bleus et blancs pesant trente-cinq livres, plus une couverture de catalogne mi-usée." Ce lit, probablement celui de Claudine Barthélémy, est fort bien garni pour l'époque. "Un mauvais bois de lit défait" se trouve dans la même pièce, et là aussi  il y a, comme dans la première chambre, "deux tables longues de cabaret, trois bancs, trois chaises foncées en paille". Dans cette pièce également des clients pouvaient certainement prendre place. Deux autres meubles fermant à clef, sur lequel les scellés sont apposés, sont présents : un coffre à deux cases et une armoire à deux battants.
La dernière chambre semble servir de réserve et/ou de débarras; on y trouve pêle-mêle :
-  des textiles : de la laine d'abord, de la laine suint, 119 livres ½ au total, répartie dans 4 sacs de toile ou boges [26], ou enveloppée dans un drap de toile blanche, de 17 livres de laine blanchie dans un sac de coutil, et 5 livres de chanvre en étoupe. 
-  du linge de maison : 7 torchons, 13 serviettes surjetées, 3 nappes, 12 draps de lit de toile blanche, 2 couettes d'oreiller.
-  des vêtements de femme : 19 coiffes, 5 bonnets, 8 chemises, 3 camisoles en basin et cotonnade, 3 jupes (2 sont en cotonnade, dont l'une est "très mauvaise", la dernière est en toile rayée), "un mauvais tablier de cotonnade, une pelisse en toile d'orange, deux mouchoirs de toile blanche, et un mouchoir de poche".
-  des meubles : "une mauvaise table de sapin avec son pied,  quatre chaises foncées en paille avec un mauvais fauteuil et ce qui a pu servir- ou sert encore - de lit, un mauvais châlit, un plafond à baldaquin avec sa garniture d'étoffe verte, plus mauvaise couverture toute usée… plus deux rideaux de lit d'étoffe verte usés et un lit de plume douce avec sa mauvaise couette en coutil blanc".
- des produits alimentaires et/ou leur contenant : "un mauvais sac de coutil contenant deux coupes de blé seigle, un sac de coutil contenant environ trois quartes de farine de mixture, un mélard [27] vide à tenir quatre pots d'huile, plus sept mauvais sacs ou boges".
- quelques objets divers : "une cognée à couper bois, un peigne à chanvre, deux petits chenets de fer, un mauvais chaudron de cuivre rouge avec son anse  en fer pouvant tenir deux seaux d'eau".
La visite continue au grenier; comme dans la chambre précédente les objets inventoriés sont des plus variés, la plupart sont liés aux produits alimentaires : "un saloir avec son couvercle, deux gourlets (?) en paille dont l'un contient une coupe de farine, un mauvais sac de coutil contenant deux coupes de noix (…) un mauvais fut de quart foncé que d'un côté, plus une boge ayant de l'huile de noix pesant le tout seize livres, une petite boge vide, un mélard vide pouvant contenir deux pots, un entonnoir avec une mesure à huile en fer blanc". Mais il y a aussi "le bois d'un mauvais fauteuil (…) seize livres de vieille laine de matelas contenue dans une mauvaise boge, un mauvais rideau d'étoffe verte".
Derrière la maison est située une écurie où se trouve le bois d'un mauvais cuvier avec un vieux cercle, une douzaine de neuf, le pied du cuvier, une civière, sept menous [28] de chanvre, un bac en pierre à tenir un seau d'eau et environ cinq tonnes de moellons.
En outre, dans une grange extérieure est emmagasinée la récolte de cette année :  150 gerbes de blé, 305 gerbes de froment, et 49 gerbes d'orge et "d'autres blés à fermer".
 
Cette demeure paraît bien équipée. Une comparaison avec les autres habitations d'Ebreuil et de Bellenaves que le juge de paix a inventoriées peut être esquissée. Mais il ne faut pas perdre de vue que Claudine Barthélémy est marchande et cabaretière.
Après celle de Barthélémy-Gibon, le notaire de Bellenaves, sa demeure est celle qui possède le plus grand nombre de pièces. Cependant, seule la cuisine semble posséder une cheminée ; dans les autres pièces, aucun moyen de chauffage n'est signalé à part l'unique bassinoire et un réchaud, pièce rare (un seul autre existe dans les inventaires étudiés). Cinq chandeliers, soit un de moins que chez le notaire permettent de s'éclairer. Pour préparer et cuire les aliments, les instruments sont très nombreux et variés outre ceux trouvés dans presque toutes les demeures il y a ici "une poissonnière, une broche à rôtir, un panier pour égoutter salade". Par ailleurs, c'est la seule maison où il soit fait mention de salières. Pour servir les aliments, le juge a renoncé à inventorier la vaisselle, "trop longue à décrire", ce qui se conçoit étant donné qu'il s'agit d'un cabaret. Quant aux meubles, ils sont ceux rencontrés par ailleurs : armoire, vaissellière, chaises, tables – seules les "longues tables de cabaret" et les bancs, très rares sont remarquables, mais leur présence est directement liée au commerce… Quant aux éléments de confort [29] ils sont fort rares : un seul fauteuil, et il est "mauvais", une bassinoire, mais pas d'oreiller, d'horloge, de glace, de tapisserie, et malgré le commerce, rien qui évoque la dégustation de café.
Claudine Barthélémy semble donc vivre sans confort excessif, en travaillant dur, son commerce certes la nourrit mais c'est au prix d'une gestion rigoureuse qui, parfois sans doute manque de générosité comme semble le prouver ses démêlés en justice avec ses propres enfants.
 
Le dernier acte présenté ici n'a de rapport ni avec les veuvages de Claudine Barthélémy, ni avec son activité professionnelle, ni avec sa fortune personnelle, mais il révèle un point de son caractère et prouve à nouveau la pugnacité dont elle fait preuve à de multiples reprises dans la défense de ses intérêts.

Le 23 floréal an X (11 août 1802), c'est à une audience de police judiciaire que Claudine Barthélémy comparaît comme défenderesse – elle est juste présentée comme "veuve Péronnet". C'est Pierre Aufaure, d'Ébreuil qui a porté plainte. Il accuse Claudine Barthélémy : "le 15 de ce mois elle s'était permis de le traiter de coquin, voleur, filou et que le lendemain, étant allé chez elle où il la trouva sur le seuil de sa porte, il lui demanda honnêtement pourquoi elle s'était répandu la veille en pareilles invectives contre lui ; icelle loin de n'être fâchée lui renvoie à lui-même les pareilles calomnies que la veille, arrêtant même les passants en disant au plaignant : tiens pour témoin voici tel qui passe, je te dis que tu es un filou, un coquin, un voleur et que, non contente de cela elle s'élance sur lui et lui donne un soufflet". Claudine se défend "à la vérité, elle avait eu quelques paroles avec ledit Aufaure par vivacité ; que ledit Aufaure devait en être regardé comme l'agresseur ayant été glaner dans un champ à elle appartenant, sans sa permission, sans que les gerbes de froment en eussent été enlevées et s'étant flatté publiquement d'avoir ramassé une quantité considérable pour un glaneur de blé dans son champ, qu'elle entendait former (…) sa demande contre ledit Aufaure pour ce fait de glanage, conformément à la loi sur la police rurale du 28 septembre 1791 (…) et que ledit Aufaure soit condamné à tous les dépens et demande à faire entendre quatre témoins qui se présentent volontairement (…)" Le tribunal décide de traiter ensemble les deux demandes; et après avoir entendu aussi des témoins cités par Aufaure, il tranche : il y a eu insultes réciproques commencées par la veuve Péronnet, mais "ledit Aufaure paraîtrait y avoir donné lieu (…) et à la suite de tous ces propos réciproques la veuve Péronnet a donné un soufflet audit Aufaure, ce qui annonce un caractère irascible de la part de la veuve Péronnet et c'est répréhensible aux yeux de la loi". Elle est condamnée à payer les dépens qui s'élèvent à 27,60 francs et 3 francs d'amende conformément à l'article du code des délits et des peines.. Aufaure est aussi reconnu coupable d'avoir glané dans le champ de Claudine Barthélémy. Il est condamné "à restituer une coupe de froment à laquelle a été arbitrée d'office le produit du glanage, au profit de l'hospice civil d'Ébreuil" et aux dépens qui s'élèvent à 6 francs.
 

 Claudine Barthélemy, femme ordinaire, veuve à quatre reprises,  petite marchande de bourg relativement aisée, obligée de paraître en justice à plusieurs reprises pour défendre ou faire valoir ses droits, fait partie de tous ces anonymes qui, sans  les actes de la justice de paix, seraient à tout jamais perdus dans un passé ignoré.
Ni Olympe de Gouges, ni duchesse de Lamballe, elle vit au rythme de la petite ville d'Ebreuil et ne connaît de la Révolution que les effets économiques les plus immédiats.

 



 Notes

[1] Ébreuil, petite ville du sud de  l'Allier, au bord de la Sioule, chef lieu de canton.
[2] Son acte de décès figure dans les archives de l'état civil conservées à la mairie d'Ebreuil. Il précise que Claudine Barthélémy est âgée de 72 ans , qu'elle est née à Maringue, département du Puy-de Dôme.
[3] AD., 2. E ,98/2-98/6: C'est en 1763 qu'elle épouse à Ébreuil, Joseph Mounin, garçon boulanger.
[4] Ibid.. Le mariage a lieu le 24 mars 1772
[5] A.D., J.P., Ébreuil, acte du 25 février 1791.
[6] Un autre procès du même type figure aux archives du tribunal de district (L 1336 et 1337) : en juillet 1791 et mars 1792 Joseph Artaud, de Chantelle réclame à Claudine Barthélémy 260 livres et 15sols correspondant à une obligation due par son défunt mari.
[7] A.D., J.P., Ébreuil, acte du 8 décembre 1797 ( 18 frimaire an VI ).
[8] C'est la première fois que Claudine Barthélémy a l'occasion de signer. Son écriture est fine, ferme, bien lisible. Ni le prénom ni le nom ne commencent par une majuscule.
[9] Cette jouissance est évoquée dans l'acte du 13 mars 1797 ; or Claudine Barthélemy s'est mariée avec  Joseph Mounin le 9 juillet 1763, soit 34 ans auparavant ; il est donc probable que les mineurs Auclair n'ont pas vécu et que leur mère a hérité d'eux.
[10] A.D., J.P., Ébreuil, acte du 14 juin 1791.
[11] A.D., J.P., Ébreuil, acte du 27 janvier 1795 (8 pluviôse an III).
[12] Il s'agit d'une petite commune du Puy-de-Dôme située à environ dix kilomètres à l'ouest d'Ebreuil.
[13] La logique de cette numérotation nous échappe.
[14] Coutumes générales et locales du Pays et Duché de Bourbonnois, op. cit., article 49, p. 56.
[15] Dans les commentaires, cette somme est portée à 100 sols. (Soit 5 livres).
[16] A.D., J.P., Ébreuil, acte du 11 février 1797 ( 23 pluviôse an V).
[17] A.D., J.P., Ébreuil, acte du 29 octobre 1797 ( 8 brumaire an VI).
[18] C'est la première fois que cette qualification apparaît pour elle.
[19] Le sens de ce terme n'a pas été trouvé.
[20] A.D., 2E 98/2. Ce renseignement n'apparaît que dans les actes d'état civil; il n'est pas mentionné au corpus .
[21] À Ébreuil, une rue porte actuellement le nom de "rue des Boucheries". S'agit-il du même lieu ? L'aspect extérieur actuel des maisons qui s'y trouvent permettent de le penser.
[22] LACHIVER M., Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, 1997, p. 1015 :
landier, s.m. (...) 3. Gros chenêt de fer servant à la cuisine. (...).
[23] A Gannat, le poinçon vaut 223 litres.
[24] LACHIVER M., Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, 1997, p. 828 :
frison, s.m. (...) 1. Nom d'une ancienne étoffe de laine. Du frison d'Angleterre. (...).
[25] Grand Larousse du XXème siècle, Paris, 1932 : "lit de plume : matelas de plume".
[26]  LACHIVER M., Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, 1997, p. 240 :
boge, s.f. (...) 1. En Bourbonnais, Forez, Velay, Lyonnais, grand sac de jute, de 125 (Forez) ou de 250 kg (Lyonnais), dans lequel on met la farine.
[27] Ibid., p. 1114 :
mélard, s.m. En Basse Auvergne, en Forez, en Bourbonnais, vase en terre pour conserver l'huile de noix, qui n'a ni bec, ni hanche et qui se vide avec une grande cuiller ou losse".
[28] Ibid., p. 1118 :
mélard, s.m. Dans le Puy-de-Dôme, grosse poignée de chanvre, ce qui peut tenir dans les deux mains. "Les pieds mâles étant mûrs, des femmes en font la récolte par arrachement, et les réunissent par poignées dont plusieurs forment un menou".
[29] BAULANT M., "L'appréciation du niveau de vie. Un problème, un solution", Histoire et mesure, Paris, 1989, IV, p. 267. Ont été regroupés ici ceux qui sont classés dans les catégories confort, luxe et civilisation.



Retour vers le haut de la page