G.-J.B.
Target (1733-1807) |
Minutes de justice de paix et professions à Paris L'exemple de la section du Jardin-des-Plantes (Sans-culottes) - 1790-1795 |
Mots clés : -Justice de paix - Paris - Section du Jardin-des-Plantes (Sans-Culottes) - Édit du 23 août 1776 - Corporations - Professions - L.-S. Mercier - A.-Franklin - H. Burstin |
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Conclusion |
Partie intégrante du faubourg
Saint-Marcel [1], la 47ème section
de Paris, appelée Section-du-Jardin des
plantes [2], forme une sorte
de triangle dont les côtés sont à peu près dessinés, au nord et à l'est par la
rive gauche de la Seine, du pont de la Tournelle au boulevard de
l'Hôpital, au sud par les actuelles rues de Buffon, Censier, du Puits de l'Ermite
et de l'Épée-de-Bois, et à l'Ouest par les rues Mouffetard et des Bernardins [3].
Cet ensemble territorial compte environ 15 000 habitants [4] ; mais ce chiffre reste très problématique, les recensements de la population n'ayant jamais été effectivement conduits à leur terme, en dépit des obligations créées par la loi du 22 juillet 1791 "relative à l'organisation d'une police municipale, qui stipule, dans l'article premier du titre I : "Dans les villes et dans les campagnes, les corps municipaux feront constater l'état des habitants, soit par des officiers municipaux, soit par des commissaires de police, s'il y en a, soit par des citoyens commis à cet effet. Chaque année, dans le courant des mois de novembre et de décembre, cet état sera vérifié de nouveau, et on y fera les changements nécessaires : l'état des habitants de campagne sera recensé au chef-lieu du canton, par des commissaires que nommeront les officiers municipaux de chaque communauté particulière". Quelles que soient les nuances qu'il
convient d'apporter à ce chiffre, il est possible de le retenir
ici pour estimer, même approximativement, l'importance de la part
de la population de la section qui
participe, sous une forme ou sous une autre, à la pratique de la
justice de
paix mise en place par la loi des 16-24 août 1790 et effective,
dans la section
du Jardin-des-Plantes, à partir du 5 janvier 1791. Dans le corpus des minutes de la
justice de paix [5] étudiées pour la
période s'étendant de cette date initiale à la séparation de la Convention
(26 octobre 1795-4 brumaire an V), 3990 individus
différents ont
été décomptés, dont 2 297 pour lesquels est indiquée par le greffier une profession ou une fonction,
soit près de 58 % des personnes qui se sont
présentées
devant le juge de paix pour une affaire ou une autre. L'importance de
ces données numériques - plus du quart de la
totalité des habitants de la section sont intervenus en justice
de paix entre le 1er janvier 1791 et le 22 septembre 1795-1er
vendémiaire an IV - peut être
appréciée si
l'on tient compte des remarques suivantes : - aucun
"étranger" de la section, même s'il a participé à l'une des
audiences, n'a été recensé ;
- aucun enfant n'est répertorié ; - aucune personne décédée au cours de la période n'est retenue dans ce compte ; - aucune personne dont le nom n'est pas explicitement indiqué par le greffier ne figure ici.
Donc, ce
corpus représente, en capacité juridique, plus du quart de la population totale
de la section : il s'agit bien d'un ensemble
quantitatif exceptionnel qui peut contribuer, aux côtés d'autres sources
archivistiques ouvertes à l'historien, à la connaissance de cette "section" du Paris révolutionnaire.
C'est à partir de ce chiffre total qu'il est
possible de conduire une étude plus particulière des professions et des
fonctions exercées par les participants à la justice de paix.
Elle portera
d'abord sur les problèmes méthodologiques posés par les classements possibles
de ces ensembles.
Elle présentera ensuite les données statistiques recensées selon la méthode choisie. Elle proposera enfin une esquisse d'analyse socio professionnelle de la section à partir de ces indications extraites de ces documents.
Les minutes de la justice de paix : pour de nouvelles données statistiques dans la section du Jardin-des-Plantes-Sans culottesL'ouvrage récent d'Haïm Burstin, déjà cité, Une révolution à l'œuvre. Le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), présente un certain nombre d'aspects du "monde du travail" du faubourg Saint-Marcel, relevant notamment les oppositions contradictoires formulées à l'égard du système des corporations "ce privilège immoral et destructeur", selon le "maître-ès-arts et de pension" Jabin, membre du comité du district voisin du Val-de-Grâce [8]. Mais les sources consultées par l'auteur ne donnent que très peu de précisions sur la situation économique et sociale du faubourg [9] en général, et de la section du Jardin-des-Plantes en particulier. Dans l'Atlas de la Révolution française(tome 11), Émile Ducoudray et Raymonde Monnier consacrent une part de leurs recherches à la société parisienne et aux problèmes que la capitale rencontre alors sur le plan économique. La section du Jardin-des-Plantes apparaît, dans la très minutieuse cartographie présentée, comme un espace urbain où l'indigence est importante (plus de 30 % de la population). Les auteurs insistent sur la place prise dans ce secteur par les métiers (masculins) de l'habillement, du bâtiment ainsi que par les "petits métiers et travaux de peine" [10] : "(...)En dépit des lacunes, l'exploitation statistique des registres de cartes de sûreté donne une image de la répartition des métiers et de leur distribution dans la ville. Le secteur de l'habillement vient en tête, avec 14 % des métiers recensés. (...) Les métiers spécialisés du bâtiment dominent au faubourg Saint-Denis et au faubourg Saint-Marcel. Avec la concentration des petits métiers et des gens de peine le long de la Seine et dans les faubourgs (plus de 10 % des hommes, sections des Invalides, du Louvre, des Arcis, de Montreuil et du Jardin-des-Plantes) s'impose l'image du Paris le plus populaire, des sections surpeuplées du centre à la périphérie (...)". Mais le pourcentage indiqué n'est pas établi par rapport à la population de chacun des districts composant la ville en 1788-89 et il est difficile d'en connaître les détails précis, notamment sur la répartition interne de chacun des métiers considérés. Comme il a été indiqué précédemment, quatre catégories de professions sont ici successivement présentées : - les professions appartenant aux "Six-Corps" ;
Alfred Franklin, après avoir
rappelé l'histoire des corporations privilégiées de
Paris depuis le 13ème siècle, précise ainsi [11]
la situation des "Six-corps" dans la hiérarchie des
métiers parisiens :
"Le célèbre
édit d'août 1776, qui réorganisa les corporations,
conserva en tête du commerce parisien certains corps
privilégiés classés dans l'ordre suivant :
I. Drapiers et merciers.
II. Épiciers. III. Bonnetiers, pelletiers et chapeliers. IV. Orfèvres, batteurs d'or et tireurs d'or. V. Fabricants d'étoffes de gaze et tissutiers rubaniers. VI. Marchands de vin. Ces nouveaux Six-Corps
subsistèrent aussi longtemps que les corporations, et disparurent
avec elles. Le décret du 17 mars 1791 supprima les
maîtrises et les jurandes, les remplaça par la patente et
déclara qu'il "était libre à toute personne de
faire tel négocce ou d'exercer telle profession, art ou
métier qu'elle trouvera bon".
Dans les minutes de la justice de
paix dépouillées pour la section du Jardin-des-Plantes
entre le 1er janvier 1791 et le 21 septembre 1795-5 ème jour
complémentaire de l'an III,
l'ensemble des personnes différentes professionnellement
qualifiées dans ces Six-Corps comporte 331 individus ainsi
répartis :
La proportion des femmes dans cet ensemble est particulièrement réduite (un peu moins de 7 % du total), la plupart d'entre elles se trouvant dans les professions liées aux métiers de l'habillement : "mercières" ( 28,6 %) et "fileuses de coton" (90,9 %), et dans le commerce du vin (souvent aux côtés de leur mari ou leur succédant après décès). Il est difficile de savoir quelle place hiérarchique elles occupaient réellement dans chacun des corps dont elles faisaient partie ; les "fileuses de coton" n'étaient vraisemblablement pas des chefs d'entreprises, mais bien des ouvrières, même si le greffier ne les qualifie pas comme telles. Près de 60 % des individus appartenant aux Six-Corps ont une activité commerciale, explicitée par leur titre de "marchand", qui, comme pour les tapissiers par exemple, complète parfois leur travail de production. Enfin, l'essentiel des présents est composé de maîtres, le nombre des salariés recensés étant inférieur à 10 %. Dans chacun de ces corps, se trouvent des métiers qui y sont traditionnellement associés et qui bénéficient, jusqu'en 1791, de tous leurs privilèges : leur présence est incluse dans les chiffres recensés et leur détail présenté dans la liste qui suit. Trois corps sont représentés dans le corpus par plus de 50 personnes. Le sixième corps (marchands de vin) vient en tête avec 170 individus recensés, soit près de 55 % du total des Six-Corps. En ont partie, outre les 137 "marchands de vin" proprement dits, des "commissionnaires-courtiers en vin" (10), des "marchands de vin forains" (9), des "marchands de vin-traiteurs" (5), des "marchands d'eau-de-vie" (3) ainsi que des "garçons-marchands de vin" (5) et des "dérouleurs de vin" (4). La section comporte sur son territoire le Port de la Tournelle, sur le quai éponyme, où sont débarqués des vins transportés jusqu'à Paris par voie d'eau, et qui sont ensuite conservés et distribués à la Halle aux vins, elle même située sur le quai Saint-Bernard. Par ailleurs, la consommation locale est importante, compte tenu de la présence d'une nombreuse population laborieuse pour laquelle le cabaret ou tout autre débit de boisson est le seul lieu de convivialité. Le premier corps (drapiers et merciers) est ici représenté par 56 personnes différentes, soit un peu plus de 18 %. Aux deux "drapiers" sont adjoints des "tisserands" (6) et un "fabricant de soie". Avec les 27 "merciers" (dont deux femmes), se trouvent des "tapissiers" (15), des "bijoutiers" (2), ainsi qu'un "marchand de dentelles" et un "marchand d'estampes". Même s'il est très inférieur à celui des marchands de vin, ce chiffre confirme l'appréciation d'Émile Ducoudray et Raymonde Monnier, citée plus haut. Mais il ne s'agit pas de métiers de luxe qu'on trouve, d'après les mêmes auteurs, plutôt sur la rive droite de la Seine. Les teintures nécesssaires à la fabrication des tissus arrivent au port Saint-Nicolas, à l'ouest et assez loin du quartier ici étudié. Le troisième corps (bonnetiers, pelletiers, chapeliers) est presque équivalent, en nombre et en pourcentage à celui qui précède (52). Sont présents, à côté des 3 bonnetiers, 11 "faiseurs de bas", 5 "faiseurs de bas au métier", ainsi que 11 "fileurs de coton" (dont 10 sont des femmes). Les activités des uns et des autres ne manquent d'ailleurs pas de similitude : l'appartenance des fabricants ou/et fileurs de coton à ce troisième corps aurait pu lui etre disputée par celui des drapiers et merciers. Seuls 2 "pelletiers" apparaissent ici. Les "chapeliers" sont assez nombreux (14), l'un d'entre eux étant noté comme "marchand chapelier" par le greffier du juge de paix. Quant aux trois autres corps, ils sont moins ou peu présents dans le corpus de la justice de paix. Le deuxième corps, est ici essentiellement composé de 32 "épiciers" auxquels sont adjoints 2 "apothicaires". La plus grande majorité des épiciers (28 sur 32) sont en fait des "marchands épiciers" : le commerce est leur principale activité. Louis-Sébastien Mercier, dans ses Tableaux de Paris (chapitreCMXC) [11 bis], est particulièrement critique à l'égard d'une corporation coupable, à ses yeux, de vendre "des
poisons comme de la cannelle, de l'eau-forte et de l'huile, du fromage
et de l'émétique, de l'eau-de-vie et des couleurs, du
sucre et de l'arsenic, des confitures et du séné (...).
Quand ils confondent les drogues et les sels qui se ressemblent, tant
pis pour l'art médical, tant pis surtout pour celui qui avale le
paquet (...)".
Aucune femme n'est présente
dans ce corps. Le cinquième corps
n'est représenté que par 11 individus. Aux deux
"fabricants d'étoffes ou de gaze" sont associés 8
"gaziers" : ce sont
eux qui "fabriquaient le marli, tissu uni très léger qui fut fort à la mode au dix-huitième siècle" [12].
Par ailleurs, un "tissutier-rubanier" participe à ce corps.
Le quatrième corps, enfin, n'est représenté que par 8 personnes. Les trois "orfèvres" recensés dans le corpus sont accompagnés de deux "laveurs de cendres pour les orfèvres" et de deux "ciseleurs d'or sur métaux". Un seul "batteur d'or" apparaît ici, et aucun "tireur d'or " n'est recensé. Comme dans le deuxième corps, aucune femme n'est présente. 2 - Les 44 professions "corporées"
Il n'a encore été
retenu ici, pour d'évidentes raisons de chronologie, que les
métiers inclus dans la liste dressée par l'édit
d'août 1776. Ne sont donc pas prises en compte les listes établies
précédemment, notamment celle qui fut dressée en
1586 dite Liste
générale et roles de tous les arts et mestiers qui sont
en jurande et qui s'exercent tant en la ville et fauxbourgs de Paris
qu'ès autres villes, fauxbourgs, bourgs, bourgades de ce
royaume. Distinguez en cinq rangs, selon la bonté et valeur
d'iceux [13] ou celle qu'a publiée en 1741 Savary sous le titre Liste des corporations divisées en trois classes suivant le nombre des maîtres appartenant à chacune d'elles [14].
Dans l'ensemble du corpus étudié, 966 personnes appartiennent aux 44 corporations telles qu'elles sont définies dans cet édit et telles qu'elles sont encore en vigueur au début de la période révolutionnaire. Seules 53 femmes font partie, à un titre ou à un autre, de ces 44 corporations. Sept corporations ne sont représentées par aucun individu dans le corpus étudié : les amidonniers ; les cartiers [15] ; les coffretiers-gainiers ; les faiseuses de mode-marchandes de modes-plumassières ; les lingères ; les maîtres de faits d'armes ; les paumiers [16]. Il s'agit là de professions liées directement ou indirectement à la parure de luxe ou au jeu, qui sont étrangères aux activités d'une population essentiellement laborieuse. Trente-sept corporations sont représentées chacune par un ou plusieurs individus. Le classement proposé ici tient compte de leur relation aux différents aspects de la vie quotidienne des habitants de la section : - le logement et la construction ; - l'alimentation ; - l'habillement ; - le confort, la culture et la vie intellectuelle ; - les transports ; - les autres secteurs d'activité corporée. Les maçons occupent quantitativement la premère place : ils sont au nombre de 117 individus. Aucune femme n'est présente dans cette corporation. Les 58 "maçons" proprement dits sont les plus nombreux ; 17 d'entre eux sont qualifiés comme "compagnons maçons", 6 comme "garçons maçons" et 2 comme "ouvriers maçons", sans que la différenciation entre ces trois catégories de salariés soit clairement établie. 11 autres métiers font, par ailleurs, partie de cette corporation : 23 "tailleurs de pierre" ; 16 "entrepreneurs de bâtiment" [17] ; 5 "marbriers" ; 4 "terrassiers" ; 2 "carriers" ; 2 "marchands de pierre" ; 2 "marchands de tuile" ; 2 "scieurs de pierre" ; 1 "fumiste" ; 1 "plâtrier" ; 1 "tuilier". Les matériaux employés dans la construction proviennent, soit de l'exploitation des carrières locales, soit des transports par voie fluviale, le port de la Tournelle étant, avec celui de la Conférence, en amont, et celui dit "au Plâtre", en aval, le principal lieu d'accostage pour les matériaux de construction [18]. Les menuisiers auxquels sont associés les ébénistes, les tourneurs [19] et les layetiers [20] sont au nombre de 85 dans le corpus. D'après Savary, les menuisiers-ébénistes étaient à Paris, au nombre de 900 environ [21]. Raymonde Monnier cite le chiffre de "116 maîtres [menuisiers-ébénistes] qui exerçaient encore au faubourg [Saint-Antoine] pendant la Révolution" [22]. Seules deux "rempailleuses de chaises" sont présentes dans cette corporation essentiellement masculine. Les 70 "menuisiers" représentent 82,4 % de la totalité des individus recensés.Parmi eux se trouvent 15 "compagnons menuisiers" et 3 "garçons menuisiers". Un "treillageur" [23] complète l'effectif de la corporation. Un seul "ébéniste" figure dans le corpus. Les "tourneurs", dont un "garçon tourneur", sont au nombre de 8 auxquels sont associés 3 "formiers" ou "faiseurs de formes en bois" ainsi que les deux "rempailleuses de chaises" déjà citées. Quant aux "layetiers", il ne s'en trouve aucune trace dans les minutes de cette justice de paix. Le port de la Tournelle, comme la plupart des ports de Paris, reçoit du bois : outre le chauffage, celui-ci sert aux travaux de menuiserie de tout le faubourg Saint-Marcel. Les couvreurs auxquels sont associés dans la même corporation les plombiers, les carreleurs et les paveurs sont au nombre de 52. Aucune femme n'est présente ici. Parmi les 38 "couvreurs" recensés, soit près des 3/4 de la corporation, 14 sont qualifiés comme "garçons couvreurs". Les "plombiers" ne sont que deux dans ce corpus. Des "carreleurs" (4) et des "paveurs"complètent cet ensemble corporé. Le port de la Tournelle est le principal lieu ou accostent les bateaux chargés de tuiles, d'ardoises et de briques, comme il est l'un des ports d'arrivage des pierres utilisées par les paveurs. Les charpentiers sont, dans le corpus, presque aussi nombreux que les menuisiers : 49 d'entre eux sont cités, parmi lesquels 14 "compagnons charpentiers" sont recensés. Jadis incluant les menuisiers et ébénistes [24], ils forment à eux seuls une corporation. Ici encore, aucune femme n'apparaît. L'approvisionnement en bois de charpente se fait évidemment, pour l'essentiel, par le même port de la Tournelle. Les serruriers avec les taillandiers-ferblantiers [25] et les maréchaux grossiers [26] sont représentés dans le corpus par 35 individus. Aucune femme n'est présente. Les 27 "serruriers" sont les plus nombreux dans cette catégorie, 4 d'entre eux étant des "compagnons serruriers". Selon A. Franklin [27], "(...) Vers la fin du XVIII ème siècle, la corporation comptait [à Paris] environ 350 maîtres (...)".
Un problème se pose à
propos du "fabricant de serrures de portefeuille" qui intervient une
fois en justice de paix : faut-il l'intégrer parmi les
"serruriers ordinaires", ou bien fait-il partie des métiers
liés à l'orfèvrerie ? Les documents
consultés ne permettent pas d'y répondre.Six "taillandiers-ferblantiers" sont présents, auxquels il faut associer un "polisseur sur métaux". Quant au maréchal-grossier, il n'intervient aussi qu'une seule fois dans le corpus. Les faïenciers-vitriers-potiers en terre sont au nombre de 31. Aucune femme n'est présente. Les 18 "potiers en terre" sont les plus nombreux dans cette corporation. Presque tous les inventaires après décès dressés par le juge de paix en l'absence d'un des héritiers comporte un ou plusieurs pots de terre ou de grès. 9 vitriers interviennent en justice de paix pendant cette période. Les "faïenciers" sont représentés par un "tailleur de pierres en faîence"et 3 "marchands poëliers". Le développement de la fabrication des faîences est notable dans le faubourg Saint-Marceau à partir de la fin du XVI ème siècle, comme le rappelle A. Franklin [27 bis] : "(...) Ce qui est
sûr, c'est qu'Henri IV encouragea l'industrie de la faïence,
facilita l'établissement de manufactures en province, puis
à Paris au faubourg Saint-Marceau. [À la fin du 18
èmes siècle], les bourgeois firent étalage de
faïence. Il en existait alors un grand magasin à la porte
Saint-Bernard (...)".
Les tapissiers, fripiers en meubles et ustensiles, et miroitiers sont représentés par 17 individus. Aucune femme n'est présente. Les 15 "tapissiers" forment dans le corpus la totalité de la corporation, 9 d'entre eux étant notés comme "marchands-tapissiers". Il n'y a pas de compagnon, d'ouvrier ni de garçon recensé. Aucun "fripier en meubles et ustensiles" ni "miroitier" n'apparaît dans ce corpus. Aucune femme n'est présente. L.-S. Mercier n'est guère indulgent à l'égard de la profession des tapissiers [28] : "(...) La meilleure
couchette perd de sa bonté entre leurs mains ; ils vous saignent
les matelas, et de six il vous en feront neuf ; ils ôteront
le bon crin des fauteuils pour y substituer de la bourre. Avec quelle
facilité n'enlèvent-ils pas les clous pour pomper
l'édredon, la laine fine ? L'étoffe est la même ;
mais le meuble mollet, ample et doux devient mince et dur ; chaque coup
de marteau qu'ils donnent est un vol rusé, fait à la
bourse de l'acheteur confiant (...)".
Au total, l'ensemble formé par les sept corporations liées à la construction et à l'aménagement des logements est assez bien représenté dans le corpus des minutes de la justice de paix étudiées. Comme il est prévisible, la présence des femmes y est très faible : 3 d'entre elles, soit 0,8 % du total, participent à des travaux mineurs (les 2 rempailleuses de chaises et l'épinglière) au sein de cet ensemble essentiellement masculin. Même si l'image donnée par les interventions en justice de paix ne peuvent être considérées mécaniquement comme des reflets exacts de la société, il reste que ces données chiffrées représentent un élément d'analyse qui peut retenir l'attention de l'historien. D'autre part, dans l'ensemble de ce secteur d'activité, les individus qualifiés comme "marchands" et tenant donc commerce de leur pratique sont au nombre de 26, recensés dans 6 corporations ; il ne s'en trouve aucun parmi les "tapissiers" ou les "ferraillers-cloutiers-épingliers" répertoriés. Enfin, 86 personnes sont qualifiées comme des salariés de ces entreprises artisanales. Une corporation n'en comporte aucun, les "tapissiers". Dans les cinq autres corporations, 71 "compagnons" sont présents dans toutes, 10 "garçons" dans trois d'entre elles et 5 "ouvriers" dans la seule corporation des "maçons". Aucun "apprenti n'apparaît dans ces métiers liés à la construction et à l'aménagement des logements. Les 7 corporations liées aux problèmes de l'habillement sont représentées, dans le corpus, par 182 individus différents, soit 18,84 % des "44 corporations" et 7,92 % de l'ensemble des personnes professionnellement qualifiées dans le corpus. Les cordonniers sont les plus nombreux : 109 d'entre eux apparaissent ici. Aucune femme n'est présente. L'Encyclopédie les définit ainsi : " Cordonnier, s.m. (Art. méch.)
ouvrier qui a le droit de faire & vendre des chaussures, en
qualité de membre de la communauté de son nom. Cette
communauté s'est partagée en quatre corps, celui des
cordonniers-bottiers, celui des cordonniers pour hommes, celui des
cordonniers pour femmes, celui des cordonniers pour enfans (...)".
A. Franklin note à leur sujet [31] : "(...) Aucune des
corporations de Paris n'avait une organisation plus compliquée,
et ne comptait si grand nombre de dignitaires. (...) Cette organisation
demeurait intacte à la fin du dix-huitième siècle.
Dans le corpus étudié,
aucune différence n'est faite, sous la plume du greffier, entre
les différentes "classes" rappelées par A. Franklin.Vers 1725, on comptait à Paris environ 1 500 maîtres, dont la plupart occupaient de trois à douze compagnons. Une cinquantaine d'années plus tard, ce nombre était monté de 1 800 à 1 824. Les maîtres s'étaient alors divisés d'eux-mêmes en trois classes : cordonniers pour hommes, cordonniers pour femmes, cordonniers pour enfants et bottiers, tous composant une même corporation. (...)". Le même auteur rappelle les écrits de L.-S. Mercier qui distingue deux catégories de cordonniers [32] : "(...) Ce cordonnier porte
un habit noir, une perruque bien poudrée ; sa veste est de soie ;
il a l'air d'un greffier. Ses confrères ont de la poix aux
mains, des perruques râpées, du gros linge sale ; mais ils
travaillent pour le vulgaire ; ils ne chaussent point les belles
marquises, et ils ne composent que des souliers wisigoths. (...) Sur
cent personnes, il y en a quatre-vingt-dix qui ne paient pas comptant
leurs cordonniers ; il faut que les pauvres ouvriers fassent
crédit, sans quoi ils auraient moins de pratiques".
Outre les 102 "cordonniers"
proprement dits, se trouvent 2 "bottiers", deux "galochiers" [33] , un "passe-talonnier" [34] et deux "faiseuses de mules du Palais". Les tailleurs et les fripiers d'habits et de vêtements viennent en second rang avec 51 représentants dans le corpus. Près de 20 % de ces artisans sont des femmes. Les "tailleurs" sont au nombre de 21. Deux d'entre eux sont qualifiés comme "marchands tailleurs d'habits" et deux sont des "garçons-tailleurs". Les 14 "fripiers" sont tous, à une exception près, qualifiés comme "marchands fripiers". Deux femmes pratiquent ce négoce. A. Franklin rappelle les termes des derniers édits réglementant la profession (1665 et 1776) [35] : "(...) le commerce des
fripiers pouvait s'étendre non seulement aux étoffes,
mais aux objets vieux de toute nature : dentelles, galons, tapisseries,
fourrures, chapeaux, épées, baudriers, meubles,
métaux, etc. ; mais ils étaient obligés de tenir
registre de tout ce qu'ils achetaient, en mentionnant pour chaque
acquisition le nom du vendeur. Ils avaient le droit de confectionner
des vêtements neufs, pourvu que le prix de ceux-ci ne
dépassât pas dix livres (...)".
Les couturières et les découpeuses, au nombre de 12 dans le corpus, interviennent très peu en justice de paix. Les "couturières" sont représentées par 10 femmes. L.-S. Mercier précise le statut social autonome des "grisettes" dont font partie les couturières [36] : "On appelle grisette la
jeune fille qui, n'ayant ni naissance ni bien, est obligée de
travailler pour vivre, et n'a d'autre soutien que l'ouvrage de ses
mains. Ce sont les monteuses de bonnets, les couturières, les
ouvrières en linge, etc., qui forment la partie la plus
nombreuse de cette classe. Toutes ces filles du petit peuple,
accoutumées dès l'enfance à un travail assidu dont
elles doivent tirer leur subsistance, se séparent à
dix-huit ans de leurs parents pauvres, prennent leur chambre
particulière, et y vivent à leur fantaisie ;
privilège que n'a pas la fille du bourgeois un peu aisé ;
il faut qu'elle reste décemment à la maison, avec la
mère impérieuse, la tante dévote, la
grand-mère qui raconte les usages de son temps, et le vieil
oncle qui rabâche (...)".
Deux "découpeuses de gaze"
complètent ici le tableau de ctte corporation exclusivement féminine. Les gantiers, les boursiers et les ceinturiers ne sont représentés que par 5 individus. Aucune femme n'est présente. En fait, aucun "gantier", aucun "boursier" ni aucun "ceinturier" n'apparaissent dans le corpus. Seuls, 4 "parfumeurs" sont recensés ici, comme appartenant à cette corporation, ainsi que le rappelle A. Franklin [37] : "(...) Des lettres
patentes du mois de janvier 1614 octroyèrent [aux gantiers]
permission de se nommer et qualifier tant maistres gantiers que
parfumeurs. (...) Les parfumeurs appartenaient à la corporation
des gantiers et s'étaient, comme eux, placés sous le
patronage de sainte Anne et de sainte Madeleine".
Un "culottier" intervient en justice
de paix. Le même auteur précise ainsi son affiliation
à la corporation [38] :"Ils appartenaient
à la corporation des boursiers. Ils employaient les peaux de
bouc, de chamois, de daim, de cerf, d'âne de mouton, etc. Sous
Louis XVI, le sieur Robert, "culottier trèss renommé et
guêtrier ordinaire du Roi", demeurait rue Dauphine".
Les teinturiers (qu'ils soient teinturiers en soie, laine et fil, du grand teint ou du petit teint) [39], les tondeurs de draps [40] et les foulons [41] sont aussi au nombre de 5 dans le corpus. Aucune femme n'est présente. Il ne se trouve aucun compagnon, garçon ni ouvrier parmi eux. De même aucun marchand n'apparaît. Aux trois "teinturiers" présents doit être ajouté le "fabricant de noir d'Iroise" qui intervient devant le juge de paix. Un seul "tondeur de drap" est ici présent alors qu'aucun "foulon" n'apparaît. Les brodeurs, les passementiers et les boutonniers sont au total au nombre de 4 dans le corpus. Si, selon A. Franklin [42], "(...) au dix-huitième siècle, la corporation [des brodeurs] comptait environ 250 maîtres (...)", il n'apparaît ici que 2 "brodeuses". De même un seul "passementier" et un seul "boutonnier" sont présents. Il s'agit là encore de métiers liés au commerce du luxe et le quartier Saint-Victor y est largement étranger. Enfin, les tanneurs-hongroyeurs, les corroyeurs, les peaussiers, les mégissiers et les parcheminiers qui appartiennent tous à la même corporation et dont aucune femme n'est membre ne sont que 3 dans la liste des individus recensés. Cette corporation, qualifiée dans l' Encyclopédie de "considérable", n'est donc représentée que par peu d'individus dans les minutes de la justice de paix. Un "tanneur-hongroyeur", un "peaussier" et un "fabricant de portefeuilles" (qui peut faire partie de la catégorie des mégissiers) sont présents. Les prestations devant le juge de paix sont, pour ces corporations, d'abord le fait de celles et ceux qui participent à l'habillement le plus indispensable de la vie : les cordonniers, les tailleurs et les couturières forment la grande majorité de ces intervenants. Les "marchands" sont surtout présents chez les "tailleurs" (16 sur 44), les effectifs des couturières, des teinturiers ou des brodeurs n'en comportant aucun. Par ailleurs, les femmes sont essentiellement présentes dans le travail et le commerce du vêtement : les travaux d'aiguille les plus importants leur sont traditionnelement confiés et leur présence devant le juge de paix est importante dans les conflits liés aux loyers impayés. Enfin, seuls 11 salariés apparaissent en tant que tels (compagnons, garçons ou ouvriers) sous la plume du greffier, 6 d'entre eux travaillant pour le compte des cordonniers. Les métiers liés à l'alimentation sont représentés par 7 corporations et concernent 175 individus différents, soit 18,12 % des "44 corporations" et 7,62 % de l'ensemble des personnes professionnellement qualifiées du corpus. Les limonadiers et les vinaigriers sont au nombre de 47. Une femme est présente en tant que "marchande limonadière et de vin" et aucun salarié n'apparaît. Les 41 "limonadiers" occupent la place la plus importante. L'Encyclopédie les définit comme des "marchands de liqueurs". Peuvent y être associés des marchands de boissons autres que le vin proprement dit, comme le "marchand limonadier et de vin", le "marchand de bière et de cidre", le "marchand de vin et de bière" ou le "marchand limonadier et de tabac". Dans cet ensemble, près du tiers des individus sont qualifiés comme "marchands ...". 2 "vinaigriers" sont recensés dont un "marchand vinaigrier". A. Franklin insiste sur les caractères particuliers de cette profession, peu nombreuse apparemment dans la section du Jardin-des-Plantes, et dont il évalue l'effectif des maîtres à Paris à 188 maîtres à la fin du XVIIIème siècle [43] : "(...) Capitaine demeurait
place de l'École, près du Pont-Neuf ; il tenait magasin
de plus de 150 sortes de vinaigres de table, de toilette,
médicinaux et autres ; de plus de 30 moutardes, et notamment
celles en poudre et d'Angleterre ; de toutes sortes de fruits confits
au vinaigre, etc., etc.(...)".
Les boulangers sont au nombre de 34. A. Franklin rappelle à leur sujet [44] que : "Les boulangers établis
dans les faubougs Siant-Germain, Saint-Michel, Saint-Jacques,
Saint-Marcel et Saint-Antoine n'étaient point soumis aux statuts
qui régissaient les communautés parisiennes. (...) Au
mois de décembre 1678 un édit ordonna la fusion de toutes
ces maîtrises particulières avec celle de la ville.
L'exécution en fut retardée par l'opposition du duc de
Cossé-Brissac, alors grand panetier. (...) c'est seulement en
1720 que les boulangers des faubourgs, ceux de Saint-Antoine
excepté, ne formèrent plus qu'une seule corporation avec
ceux de Paris".
À deux reprises [45], L.-S. Mercier met en scène cette profession :"(...) Le pain se fait
mieux à Paris que partout ailleurs, parce que d'abord quelques
boulangers ont su raisonneer leur art. Ensuite les chimistes ont su
nous instruire à analyser le blé, et suivre cet art
depuis la préparation des levains jusqu'à la cuisson (...)".
5 "boulangères" sont
recensées dans cet ensemble, 2 d'entre elles exerçant la
profession aux côtés de leur mari.."(...) On ne fait nulle part de meilleur pain qu'à Paris. En général, il est mal fait en Suisse, mal fait à Genève, mal fait en Savoie, et très mal fait dans le Palatinat. Quand ce sont les servantes qui le font, le pain est détestable (...)". Un "garçon boulanger" est mentionné dans le corpus : il s'agit du fils d'un boulanger. Les fruitiers-orangers et les grainiers sont représentés par 32 individus différents. 26 "fruitiers" apparaissent ici, dont 14 sont qualifiés comme "marchands fruitiers". 5 d'entre eux sont des femmes dont 2 sont mariées à des fruitiers. Parmi eux se trouvent 14 "marchands frutiers" dont 4 femmes, l'une d'entre elles étant notée comme "fraisière". Dans la même catégorie, une femme est "vendeuse de pommes" et un homme est "porteur de fruits des bateaux". Le groupe des "grainiers", appelés aussi "grainetiers", est composé de 3 individus, tous qualifiés comme "marchands". Les bouchers sont moins nombreux que les boulangers et les fruitiers : 23 apparaissent dans le corpus étudié, aucune femme ne faisant partie de ce groupe. Parmi eux, 14 individus sont qualifiés comme "marchands bouchers" par le greffier. 3 d'entre eux tiennent boutique dans le même rue, celle du Bon-Puits, sans qu'il soit possible d'affirmer une quelconque spécificité de leur implantation géographique dans le quartier. A. Franklin précise le statut et les conditions de travail de ces bouchers dont, rappelle-t-il, Mercier fait un "répugnant tableau" [46] : "(...)
Le lieutenenat général de police limita à 240 le
nombre des maîtres. Chacun d'eux opérait encore les
tueries et dépeçait en public dans sa cour, car il
n'existait pas d'abattoir (...)".
Les charcutiers ou chaircutiers sont représentés par 21 individus parmi lesquels on dénombre 8 femmes. Les "charcutiers" proprement dits sont au nombre de 10, dont 3 femmes et deux "garçons charcutiers". Par ailleurs, un "marchand de porcs et charcutier" intervient devant le juge de paix ainsi qu'un "marchand de saucisson". L.-S. Mercier leur donne place dans son Tableau de Paris [47] : "Il
se consomme chaque année à Paris près de trente
mille porcs. Les charcutiers métamorphosent le porc en cent
manières différentes ; et ce qu'on appelle saucisses,
boudins, cervelas, langues, andouilles, etc., y est d'un goût
excellent (...)".
À cette catégorie
peuvent se rattacher les 9 "cuisiniers" (dont 5 femmes)
recensés, aucune précision n'étant apportée
sur leur statut exact : certains semblent travailler à leur
compte, mais deux d'entre eux sont indiqués comme "cuisiniers
chez ..." et une femme est une "domestique cuisinière". Il n'est
donc pas certain que leur place dans la corporation soit
absolument pertinente et certains pourraient être
répertoriés dans la catégorie non corporée
des domestiques.Les brasseurs sont au nombre de 10 dans le corpus. Aucune femme n'est présente et 3 "garçons brasseurs" figurent dans cette liste. A. Franklin note à leur propos [48] : "(...) Au
dix-septième siècle, les Hollandais, les Anglais et les
Allemands ne buvaient guère que de la bière à
leurs repas, coutume rejetée par les Français. Nemeitz,
en 1718, prétendait que la bière faite à Paris
était malsaine ; le houblon, écrit-il, y est souvent
remplacé par des herbes amères ou par du fiel de boeuf.
Le nombre des brasseurs était d'environ 78 [à Paris]
à la fin du dix-huitième siècle (...)".
Leur nombre apparaît d'ailleurs
bien faible au regard des 170 "marchands de vins" constituant le
premier des Six-Corps déjà étudiés.Les traiteurs, les rôtisseurs et les pâtissiers sont ici représentés par 8 individus. Aucune femme ne figure parmi eux. L.-S. Mercier, incluant sous le même titre les "pâtissiers" et les "rôtisseurs" [49] témoigne du caractère interchangeable des deux professions à la fin du 18ème siècle, les uns et les autres cuisant dans leurs fours les mets que leur apportent des pratiques qui font ainsi des économies de bois en fin de semaine : "(...)
les pâtissiers sont plus occupés les dimanches et
fêtes que les autres jours. Le four brûle du matin au soir
ces jours-là ; et les marmitons sont plus excédés
en se couchant que tout autre jour de la semaine. Les rôtisseurs
vident leurs boutiques, et il ne leur reste pas un poulet. Les petits
ménages qui n'ont guère qu'un âtre envoient aux
fours des pâtissiers la viande pour la faire cuire. Une
cinquantaine de soupers cuisent dans le même four. Le
pâtissier avec une lardoire exprime le jus du gigot, de
l'éclanche, de l'aloyau ; mais il n'est pas perdu ; il vous le
revend dans de petits pâtés qui en sont plus succulents
(...)".
Le corpus comprend 5 "pâtissiers", 2 "traiteurs" et un seul "rôtisseur". Dans ces corporations, comme dans celles qui sont liées à l'habillement, la part des femmes est assez importante : 26 d'entre elles sont présentes dans le corpus, soit près de 15 %. Elles sont cependant absentes dans trois corporations : les bouchers, les brasseurs et les traiteurs-rôtisseurs-pâtissiers. D'autre part, ces corporations sont celles où figurent, sous la plume du greffier, un nombre important de "marchands" : 54, soit près de 31 % : 17 fruitiers, 15 limonadiers, 14 bouchers, 4 charcutiers, 3 brasseurs et un boulanger sont recensés comme "marchands", seule la corporation des "traiteurs-rôtisseurs-pâtissiers n'en comptant ici aucun. Enfin, aucun "ouvrier" ni aucun "compagnon" n'est mentionné dans le corpus. Sont notés 4 "garçons brasseurs", 2 "garçons charcutiers", un "garçon boulanger" et un garçon boucher", aucun "garçon" n'apparaissant dans les trois autres corporations. Les métiers liés aux éléments de confort, de culture et de la vie intellectuelle se trouvent, dans l'ensemble des minutes de la justice de paix, représentés par 8 corporations et 113 individus différents, soit 11,70 % des 44 corporations et 4,92 % du total des personnes professionnellement qualifiées du corpus. Leur classification pose de nombreux problèmes, les statuts des corporations les concernant n'étant pas toujours explicites et présentant de multiples ambiguïtés. Les imprimeurs en taille douce sont au nombre de 31. Sont inclus dans cette corporation de nombreux métiers qui ressortissent tous à cette imprimerie dont L.-S. Mercier loue les bienfaits [50] : "Rien
de plus destructeur qu'une imprimerie ; elle ébranle une maison
jusque dans ses fondements. Les coups redoublés et la pesanteur
d'une presse endommagent un plancher, si fort qu'il soit : ce qui fait
que beaucoup de personnes ne se soucient, surtout à Paris, de
louer une maison à un imprimeur ; car il est prouvé
qu'une imprimerie dans une maison neuve, la met au bout de dix ans, au
niveau d'une bâtie trente ans auparavant. N'est-ce point
là une image de la force morale de l'imprimerie ? Elle
ébranle les préjugés ; elle démolit le
vieux temple de l'erreur ; elle abat les masures des siècles,
leurs lois usées et impertinentes (...)".
4 "imprimeurs en taille douce"
proprement dits sont répertoriés dans le corpus. A.
Franklin précise à leur sujet [51] :"(...) À la fin du
dix-huitième siècle, le nombre des maîtres
était d'environ 43. On signale parmi les plus renommés le
sieur Molien, établi rue Zacharie et le sieur Paillet, rue de la
Pelleterie".
8 "imprimeurs" sont présents, dont 2 "ouvriers imprimeurs". Directement liés au travail de l'imprimerie font aussi partie de cet ensemble 6 "imprimeurs en lettres", un "imprimeur en caractères", un "imprimeur libraire" et un "prote". Sont attachés traditionnellement à cette corporation d'autres métiers particuliers dont, ici, 5 "fondeurs en caractères", 3 "graveurs en tailleurs douce", un "prote", un "homme de lettres" (qui pourrait être rattaché aux écrivains, présentés plus loin) et une "polisseuse en lettres", seule femme de cet ensemble. Les fondeurs, les doreurs sur métaux et les graveurs sur métaux sont représentés par 28 individus. Aucune femme n'est ici présente. Parmi les 7 "fondeurs" se trouve un "compagnon fondeur. L'Encyclopédie précise ainsi le métier dont il s'agit : "Fondeur, s. m. (Arts
méch.) c'est un artiste qui fond ou qui jette les métaux, en leur donnant
différentes formes, suivant les différens usages que l'on en veut faire : tels
que des canons, des cloches, des statues, des bombes, des caracteres
d'imprimerie ; & d'autres petits ouvrages, comme chandeliers, boucles, &c. (...)
La place statutaire des "fondeurs de
caractères" d'imprimerie est donc incertaine puisque, selon les
termes de l'édit de 1776, ils se trouvent dans la corporation
précédente des "imprimeurs". Par ailleurs peut être
intégré à cette catégorie des fondeurs le
"fondeur à l'Hôtel des Monnaies" qui apparaît dans le
corpus.8 "doreurs sur métaux" interviennent. A. Franklin rappelle l'extrême variété des productions de ce métier [52] : "(...)
En fait, le métier de doreur sur métal était alors
fort disséminé, car les couteliers et les fourbisseurs
avaient le droit de dorer eux-mêmes leurs produits. La
corporation des doreurs se spécialisa dans les objets les plus
riches et, comme travaillant les métaux précieux, fut
soumise à l'autorité de la cour des Monnaies (...) Le
nombre des maîtres s'élève [à la fin du 18ème siècle] à environ 370 (...)".
Les 12 "graveurs" rencontrés
(dont un "graveur sur bois" dont le statut est mal défini)
représentent la part numériquement la plus
importante de cette corporation dans les minutes de la justice de paix.
Le greffier ne précise pas toujours à quel type de
travail s'adonnent les individus qu'il qualifie comme "graveurs" et il
est possible que certains d'entre eux soient en fait des "graveurs en
taille douce" liés à l'imprimerie. Les relieurs et les papetiers forment une corporation dont 20 membres sont cités dans le corpus. Aucune femme n'est ici présente. Les 3 "relieurs", auxquels sont joints le "libraire-relieur" et le "marchand de livres" sont, d'après A. Franklin, "au nombre de 220 environ à la fin du siècle" [53]. Les 7 "papetiers" auxquels sont joints les 7 "fabricants de papiers peints" et le "papetier et peintre" sont les plus nombreux de la corporation. Il semble que les papetiers dont il s'agit avaient pour fonction de fournir à d'autres sommerçants, notamment les merciers et les cartonniers, les papiers nécessaires à leurs affaires. Mais les minutes de la justice de paix restent muets sur leur exacte profession, et leur classement ici demeure hypothétique. Les peintres et les sculpteurs sont au total 13 dans le corpus. Une femme, rattachée au groupe formé par les 5 "peintres", comme le "peintre en miniatures" présent, est qualifiée comme "enlumineuse". Il n'est pas indiqué qu'il s'agisse de peintres en bâtiment , mais le doute doit demeurer à leur sujet. Dans l'Encyclopédie, la définition de l'enluminure est la suivante : "Enluminer, v. act. c'est l'art de mettre des couleurs à la
gomme avec le pinceau, sur les estampes & les papiers de tapisserie ; &
par conséquent l'enlumineur & l'enlumineuse sont celui & celle qui y
travaillent : ces ouvriers & ouvrieres y appliquent aussi quelquefois de
l'or & de l'argent moulu ; c'est ce qu'ils appellent rehausser,
& ils le brunissent avec la dent de loup. L'enluminure est libre, & n'a
point de maîtrise ; c'est en quelque façon une dépendance de la Gravure : &
l'enlumineur peut tenir boutique ouverte, & vendre des estampes & des
papiers de tapisserie. Ces commerçans s'honorent du titre de Graveurs en
bois, ou en cuivre, ou d'images, quoique souvent ils n'ayent
jamais manié le burin, ni la pointe".
Quant aux 6 "sculpteurs"
répertoriés, ils se trouvent, comme leurs
confrères peintres, à la frontière entre
l'artisanat et l'art, même si ici encore l'incertitude est
permise en ce qui concerne leur travail proprement dit. Cette nuance se
retrouve dans la définition qu'en donne A. Franklin [54] :"On
peut voir, à l'article peintres, que les artistes, quelle que
fût leur valeur, rest-rent plusieurs siècles
assimilés aux artisans. Les sculpteurs constituaient donc au
Moyen Âge une corporation ouvrière qui, comme les autres a
ses statuts dans le"Livre des métiers". Ils y sont qualifiés ymagiers-tailleurs (...) ".
Les horlogers forment une corporation spécifique dont 8 membres apparaissent dans le corpus étudié. Aucune femme n'est présente et il semble que seuls des maîtres soient cités dans les minutes de la justice de paix, aucun compagnon, garçon ni ouvrier n'étant noté comme tel par le greffier. A. Franklin indique [55] que "Vers la fin du dix-huitième siècle, le nombre des maîtres était de 180 environ". Comme les horlogers, les écrivains forment une corporation autonome, 6 d'entre eux étant répertoriés dans le corpus. Aucune femme n'est présente. L'Encyclopédie confirme le caractère artisanal de cette profession : "(...) Maitres écrivains, (Art méch.) la
communauté des maîtres experts jurés écrivains, expéditionnaires &
arithméticiens, teneurs de livres de comptes, établis pour la vérification des
écritures, signatures, comptes & calculs contestés en justice, doit son
établissement à Charles IX, roi de France en 1570. Avant cette érection, la
profession d'enseigner l'art d'écrire étoit libre, comme elle est encore en
Italie & en Angleterre. Il y avoit pourtant quelques maîtres autorisés par
l'université, mais ils n'empêchoient point la liberté des autres. Ce droit de
l'université subsiste encore ; il vient de ce qu'elle avoit anciennement
enseigné cet art, qui faisoit alors une partie de la Grammaire (...)".
L.-S. Mercier les définit ainsi [56] :"Il
ne s'agit point ici de Corneille, de Pascal, de La Fontaine, de La
Bruyère, de Fénelon, de Voltaire, de Jean-Jacques
Rousseau, de Buffon, de Raynal, de Paw, il s'agit de Paillasson,
Dautrèpe,Rolan, Liverloz. Ils figurent le corps des lettres
à main posée, taillent merveilleusement une plume, font
le trait et déterminent la "ronde", la "bâtarde" et la
"coulée". Ils sont maîtres en l'art de l'écriture,
et non en l'art d'écrire. (...) La fonction la plus importante
de ces "maîtres jurés écrivains", c'est qu'ils sont
"vérificateurs d'écritures contestées en justice"
: ceci devient sérieux. (...) La vie d'un homme dépend
donc quelquefois de ces experts vérificateurs (...)".
La section du Jardin-des-Plantes,
située à proximité de l'Université et du
Palais de justice, offre à ces spécialistes de la
calligraphie des occasions multiples d'exercer leur métier.Les tabletiers, les luthiers et les éventaillistes sont représentés par 5 personnes dans le corpus. Il ne s'y trouve aucun éventailliste ni aucune femme. Les 2 "tabletiers" recensés ici font partie d'une corporation présentée dans l'Encyclopédie : "Tabletier, s. m. (Corps de
métier) celui qui travaille en tabletterie. Les maîtres tabletiers
ne font qu'un corps avec les peigniers. Leurs ouvrages particuliers sont des
tabliers pour jouer aux échecs, au tric-trac, aux dames, au renard, avec les
pieces nécessaires pour y jouer ; des billes & billards, des crucifix de
buis ou d'ivoire ; d'où ils sont appellés tailleurs d'images d'ivoire :
enfin toutes sortes d'ouvrages de curiosité de tour, tels que sont les bâtons à
se soutenir, les montures de cannes, de lorgnettes & de lunettes, les
tabatieres, ce qu'on appelle des cuisines, des boëtes à savonnettes, &c.
où ils employent l'ivoire, & toutes les especes de bois rares qui viennent
des pays étrangers, comme buis, ébene, bresil, noyer, merisier, olivier, &c.".
Dans le groupe des "luthiers" se
trouvent trois individus dont la spécialité
professionnelle est différenciée. L'un d'entre eux est
"luthier pour jouets d'enfants", le second "fabricant de violon" et le
troisième "facteur d'orgues". A. Franklin précise [57] que cette communauté "ne
confectionnait guère que les instruments à cordes et
quelques instruments à vent. (...). À la fin du
dix-huitième siècle, le nombre des maîtres luthiers
se montait à 50 environ (...)".
Enfin, parmi ces corporations liées aux éléments de confort et à la vie intellectuelle, figurent celle des lapidaires dont 2 habitent la section étudiée. Un long article, dont on trouve ici les premières lignes, est consacré, dans l'Encyclopédie, à cette profession prestigieuse : "Lapidaire, s. f. (Arts méchaniq.) ouvrier
qui taille les pierres précieuses. (…).
A. Franklin précise [58] qu'un "édit
du 17 mars 1781 supprima la communauté en la réunissant
à celle des orfèvres. Les premiers étaient alors
au nombre 70 environ (...)".L'art de tailler les pierres précieuses est très-ancien, mais son origine a été très-imparfaite. Les François sont ceux qui y ont réussi le mieux, & les "Lapidaires" ou Orfevres de Paris, qui forment un corps depuis l'an 1290, ont porté l'art de tailler les diamans, qu'on appelle "brillans", à sa plus haute perfection. On se sert de différentes machines pour tailler les pierres précieuses, selon la nature de la pierre qu'on veut tailler. Le diamant, qui est extrêmement dur, se taille & se façonne sur un rouet d'un acier doux, qu'on fait tourner au moyen d'une espece de moulin, & avec de la poudre de diamant qui trempe dans de l'huile d'olive ; cette méthode sert aussi-bien à le polir, qu'à le tailler (...)". Dans ces corporations, la place de femmes est très limitée, puisque seulement 2 d'entre elles, soit moins de 1,80 % y sont présentes. D'autre part, seule la corporation des relieurs comporte, dans le corpus, des "marchands", les autres étant avant tout formées de producteurs. Enfin, 7 salariés seulement sont répertoriés ici : 3 "compagnons" (un fondeur et 2 relieurs), 4 "ouvriers" (2 imprimeurs, un sculpteur et un horloger) ; aucun "garçon" n'est signalé par le greffier. Les trois corporations liées aux moyens de transport sont représentées par 62 individus différents. Une seule femme est présente. Les charronsforment une corporation homogène et sont au nombre de 24, 4 d'entre eux étant notés comme "compagnons charrons". Une femme est qualifiée comme "charronne" dans un acte de tutelle daté du 8 octobre 1794-17 vendémiaire an III : elle est la mère d'une enfant mineure qu'elle a eue avec son défunt mari, Jean-François Baron, lui-même charron de son vivant. L'Encyclopédie les définit ainsi : "Charron, s. m. ouvrier autorisé
à faire, vendre & faire exécuter tout l'ouvrage en bois qui entre dans les
grosses voitures, & leur attirail, en qualité de maître de la communauté
des Charrons".
A. Franklin estime le nombre des
maîtres, à la fin du 18ème siècle
à 130 environ et rappelle la dénomination que prend leur
métier dans leurs statuts, révisés en 1668 [59] : "charrons-carrossiers-faiseurs
et entrepreneurs de carrosses, coches, chariots, litières,
brancards, calèches, et autres attirails".
Les selliers et les bourreliers sont au nombre de 22 dont un "compagnon sellier" et un "garçon sellier". Aucune femme n'est présente. Les 7 "selliers" sont liés, comme les 8 "loueurs de carrosses" qui y sont associés, à ces transports par voie de terre. L'Encyclopédie les définit ainsi : "Sellier, s. m. (Maréchal.)
ouvrier qui fait & vend des selles. Il y a deux corps de maîtres Selliers
à Paris ; les Selliers-Bourreliers & les Selliers-Lormiers-Carrossiers,
dont les uns font des harnois & des selles, & les autres, outre les
selles, font des carrosses (...)".
Ils sont, selon A. Franklin [60], environ 250 à la fin du 18ème siècle.Les 7 "bourreliers" assurent aussi la préparation des accessoires pour harnacher et bâter les chevaux et font donc une certaine concurrence aux selliers dont ils partagent la corporation. L'Encyclopédie le confirme en ces termes : "Bourreliers, s. m. ouvriers qui font
les harnois de chevaux de carrosse, de charrette ; ils sont de la communauté
des Selliers. Ils ont été nommés bourreliers, du collier des chevaux,
qu'on appelloit autrefois bourrelet. Voyez Sellier".
Les maréchaux-ferrants et les éperonniers sont au nombre de 16. Mais aucun "éperonnier n'apparaît dans le corpus et aucune femme n'est présente. 2 "compagnons maréchaux" et 2 "garçons maréchaux" font partie du groupe. A. Franklin estime à 180 environ le nombre de ces "maréchaux" dont il précise par ailleurs les fonctions [61] : "(...)
La corportion était divisée en deux classes : 1° les
"maréchaux-ferrants, seuls vétérinaires qu'il y
eut alors, et qui se bornaient à ferrer et à soigner les
chevaux ; 2° les "maréchaux-grossiers", dits aussi
"maîtres en oeuvres noires", qui forgeaient des socs, des
coutres, des fourches, des houes, des hoyaux, etc. (...)".
À l'exception de la veuve du charron précédemment citée, aucune femme n'est qualifiée comme exerçant l'un de ces professions. Par ailleurs, 10 salariés sont recensés au sein de ces corporations : 7 "compagnons" (4 charrons, 2 maréchaux, un sellier) et trois "garçons" (2 maréchaux et un sellier). Enfin, aucun de ces professionnels liés aux transports n'est qualifié comme "marchand" par le greffier. Les 5 dernières corporations pour lesquels 50 individus sont représentés dans le corpus étudié ne peuvent être rattachés à aucun des groupes fonctionnels définis précédemment. 2 femmes sont présentes parmi eux. Les ferrailleurs, les cloutiers et les épingliers sont au nombre de 17, aucun salarié n'étant répertorié. 6 "ferrailleurs", dont 4 "marchands", sont présents. Reprenant la définition du Dictionnaire de Trévoux, l'Encyclopédie rattache cette corporation à celle des chaudronniers : "Ferrailleur, s. m. (Chauderonnerie)
Les Chauderonniers nomment ainsi des maîtres Serruriers, qui ne travaillent que
pour eux, & dont tout l'ouvrage consiste à faire les grilles, les piés
& les fourchettes des réchaux de tôle".
A. Franklin les assimile aux "crieurs de vieux fers" qu'il définit ainsi [62] :"(...)
Ce sont ceux qui achètent les vieux carrosses, chaises,
calèches, cabriolets, etc., les dépècent et en
revendent les vieux fers en détail. Il n'appartient qu'aux
maîtres de cette communauté d'aller par les rues, un sac
sur le dos, crier : Vieilles ferrailles à vendre !(...)".
Les 2 "marchands de fer"
recensés dans le corpus peuvent être attachés
à cette catégorie.8 "cloutiers", dont un "marchand", interviennent en justice de paix. L'Encyclopédie les définit ainsi : "Cloutier s. m. On donne ce nom à
celui qui a le droit de vendre & de fabriquer des clous en qualité de
membre de la communauté des Cloutiers -Lormiers-Etameurs-Ferronniers, &c.
ou de la communauté des Epingliers-Aiguilletiers. Il y a deux sortes de Cloutiers,
les Cloutiers d'épingle, & les Cloutiers tout court (...)".
A. Franklin précise [63] qu'"au dix-huitième siècle, le nombre des maîtres était de 70 environ". La profession des "épingliers" ou "épingletiers" est représentée par une seule femme qui exerce ce métier de précision dans la section. L'Encyclopédie note la modification survenue dans cette spécialité parisienne au cours du siècle : "Epinglier (...) Leur principal travail
étoit autrefois les épingles : mais depuis que les vivres sont devenus plus
chers, & Paris plus peuplé, ils ne les font plus, ils les tirent de Laigle
& autres endroits de la Normandie, où les ouvriers sont à meilleur compte".
Les tonneliers et les boisseliers sont représentés par 16 individus dans les minutes de la justice de paix. Aucune femme n'est présente. Il n'est pas étonnant de trouver ici 10 "tonneliers", le port de la Tournelle recevant les barriques de vin venant par la Seine et la Halle aux vins occupant un espace important le long du quai Saint-Bernard. L'Encyclopédie témoigne de la multiplicité de leurs responsabilités artisanales : "Tonnelier, artisan qui fait, relie, & vend des
tonneaux, c'est-à-dire toutes sortes de vaisseaux de bois, reliés de cerceaux
avec de l'osier, & propres à contenir des liqueurs ou marchandises ; tels
sont les tonnes, cuves, cuviers, muids, futailles, barrils, &c. Les tonneliers
montent aussi & relient toutes sortes de cuves & autres vaisseaux
reliés de cerceaux de fer. Ce sont encore eux qui descendent les vins, cidres,
bieres, &c. dans les caves des bourgeois & des marchands de vin.
Enfin il n'y a qu'eux qui aient droit de décharger sur les ports les vins qui
arrivent par eau, & de les sortir des bateaux. Les tonneliers
forment à Paris une communauté nombreuse, & prennent la qualité de maîtres
tonneliers déchargeurs de vins".
Aucun salarié n'est présent parmi eux.Un "compagnon boisselier" auquel, selon A. Franklin, il faut adjoindre un "marchand de sabots" et un "marchand de soufflets" complètent le tableau de cette corporation dans les minutes de la justice de paix. Les arquebusiers, les fourbisseurs et les couteliers sont représentés ici par 6 individus. Aucun femme n'est présente. ll n'y a aucun "arquebusier" proprement dit signalé dans les textes étudiés. Mais un "armurier", intégrable à cette corporation, est présent. L'Encyclopédie définit ainsi l'arquebusier : "Arquebusier, s. m. qu'on nommoit
autrefois "artillier", artisan qui fabrique les petites armes à feu,
telles que sont les arquebuses, dont ils ont pris leur nouveau nom, les fusils,
les mousquets, les pistolets, & qui en forgent les canons ; qui en font les
platines, & qui les montent sur des fûts de bois. Toutes les armes que
fabriquent les "arquebusiers" consistent en quatre principales pieces, qui
sont le canon, la platine, le fût, & la baguette".
3 "couteliers" auxquels peut
être associé un "rémouleur" sont présents.
Aucun salarié n'est répertorié. A. Franklin
consacre un long article au métier de coutelier [64], précisant notamment :"(...)
La coutellerie de Paris fut toujours regardée comme
supérieure à celle de Langres, de Thiers, de
Chatellerault et de Saint-Etienne, les villes de France où cette
industrie occupait le plus de bras. (...) Le nombre de maîtres
était alors [vers la fin du dix-huitième siècle]
de 120 environ (...)".
Les chaudronniers les balanciers, les potiers d'étain sont au nombre de 6 dans le corpus. En ce qui concerne les 3 "chaudronniers" répertoriés, les documents de la justice de paix n'indiquent pas l'origine géographique de ces métalliers, à la différence de L.-S. Mercier qui les classe, avec d'autres travailleurs migrants, parmi les Auvergnats [65] : "Les
Auvergnats font à Parisle métier de chaudronnier, de
raccommodeur de faïence, de parasols, de rémouleurs.
L'enfant dès l'âge de huit ans suit son père qui,
quoiqu'il traverse toute la France, s'arrête plus volontiers dans
la capitale. Semblables aux oiseaux que le froid chasse dans une plus
douce contrée, ce peuple fuit la neige qui couvre huit mois de
l'année ses montagnes. Il y retourne tous les ans, fait un
enfant à sa femme, le laisse entre les mains des vieilles et du
curé, et parcourt ensuite le royaume sans avoir de domicile fixe
(...)".
Aux chaudronniers peuvent être
adjoints un "batteur et fondeur de cuivre" ainsi qu'un "ouvrier en
monnaie de cuivre". Aucun "balancier" n'est présent dans le corpus. C'est enfin une femme qui apparaît comme "potière d'étain". Il s'agit d'une veuve, la dame veuve Dutertre, qui accuse son ancien locataire de n'avoir pas nettoyé le logement qu'il occupait chez elle et de l'avor injuriée. C'est, comme l'indique l'Encyclopédie, son statut matrimonial qui l'autorise à tenir boutique : "Potier
d'étain, s.m. (…) Les veuves peuvent faire travailler & tenir boutique,
tant qu'elles sont en viduité
La corporation des chandeliers se trouve représentée par 5 personnes. Elle ne comporte aucune femme, et le greffier ne signale aucun marchand ni aucun salarié. Elle est représentée par 5 "chandeliers" proprement dits et par un "cirier". A. Franklin définit ainsi la situation des ces "chandeliers" [66] : "(...)
Au dix-septième siècle, ils sont réunis aux
huiliers et prennent le titre de"chandeliers-huiliers-moutardiers" ;
mais en réalité, c'est toujours aux vinaigriers
qu'appartint surtout le commerce de la moutarde. [Les] statuts les
transforment encore en regattriers et les autorise à
débiter, en petite quantité ou à petite mesure,
une foule d'objets de ménage : verres, bouteilles, fagots,
allumettes, charbon, vinaigre, foin, paille, sabots, lattes, pelles,
fourches, battoirs, amidon, empois, farine, savons, riz, poivre,
beurre, fromages, pruneaux, fil, lacets, épingles, estampes
communes, papier, mais seulement à la main, etc. À la fin
du dix-huitième siècle, la corporation avait
renoncé à presque tous ces accessoires de son commerce ;
le nombre des maîtres était de 270 environ (...). Pendant
très longtemps,les bonnes ménagères mirent de
côté tous les restes de graisse pour en faire des
chandelles. Un maître chandelier venait souvent les confectionner
à domicile. Au dix-huitième siècle, les
bonnes chandelles des quatre à la livre devainet durer de dix
à onze heures , celles de huit à la livre duraient seulement de cinq heureset demie à six heures (...) ".
Quant au "cirier", il répond à la définition donnée par l'Encyclopédie en ces termes :"Cirier, s. m. (Arts &
Mét.) est celui qui s'attache particuliérement au commerce de la cire, à
faire des cierges, des bougies & autres ouvrages en cire (...)".
Dans l'ensemble des corporations présentes dans le corpus étudié, seules 2 femmes apparaissent. Par ailleurs un "garçon tennelier" et un "ouvrier en monnaie de cuivre" sont notés comme tels par le greffier. Enfin, sur les 9 "marchands recensés, 7 appartiennent à la corporation des "ferrailleurs, cloutiers et épingliers", un à celle des arquebusiers, fourbisseurs et armuriers", un à celle des "chaudronniers". 3 - Les 22 communautés déclarées "absolument libres" L'édit du 23 août 1776 recense 22 communautés de professions libres de toute contrainte corporative. Les minutes de la justice de paix de la section du Jardin-des-Plantes dépouillées entre 1791 et la fin de la Convention thermidorienne ne mentionnent aucun individu exerçant dans 10 d'entre elles. Il s'agit des "bouchonniers", des "bouquetières", des "coëffeuses de femmes", des "maîtres à danser", des "faiseurs de fouets", des "linières-filassières", des "oiseleurs", des "patenôtriers", des "pêcheurs à verge" et des "pêcheurs à engins". Ici encore, certaines professions liées au travail et au commerce de luxe semblent particulièrement absentes, comme celles des coiffeuses de femmes ou celle des maîtres à danser. Le classement des 12 communautés représentées dans le corpus par 85 individus différents s'avère difficile, certaines des professions correspondant, pour les "vanniers" par exemple, à de multiples fonctions d'usage. Quatre groupes principaux peuvent néaanmoins être construits : - les professions liées à l'habillement ;
- les professions liées à l'alimentation ; - les professions liées au logement ; - les autres professions. Les 3 communautés libres liées à l'habillement impliquent 31 personnes, dont 2 femmes. Les cardeurs de laine et de coton sont représentés par 17 individus, les 2 femmes du groupe étant répertoriées ici. Aucun salarié n'est présent. L'Encyclopédie définit ainsi cette communauté : "Cardeur, s. m. ouvrier qui carde
la laine, le coton, la bourre, &c. (…) Outre le pouvoir attribué aux
maîtres "Cardeurs" de
Paris, de carder & peigner la laine ou le coton, de couper toute sorte de
poil, de faire des draps, &c. ils ont encore, suivant les mêmes
statuts [ de 1688], celui de faire teindre ou de teindre dans leurs maisons
toute sorte de laine, en noir, musc, & brun (…)".
A. Franklin [67]
ne précise pas l'effectif des maîtres de cette
communauté à la fin du dix-huitième siècle
; mais il en indique le nombre à l'époque de la
révision de leurs statuts, en 1688 : ils sont alors 22 à
Paris, ce qui permettrait de voir une importante proportion
d'entre eux dans la section étudiée ici.Les savetiers sont au nombre de 8, aucune femme ni aucun salarié n'étant présent. L.-S. Mercier dresse un savoureux portrait de ce "réparateur heureux de la nature humaine" [68] : "Pourquoi le savetier a-t-il
l'air plus content que le cordonnier ? La Fontaine l'avait
déjà remarqué avant moi : c'est qu'il est moins
orgueilleux, et qu'il a plus d'ouvrage qu'il n'en peut faire : on lui
apporte la besogne, tandis que le cordonnier est obligé de
l'aller chercher. (...) Au coin d'un carrefour, il regarde tous les
passants ; c'est le premier témoin des événements
pblics, et le premier juge des rixes ; rien ne gêne sa vue ni son
prononcé sur tout ce qui se passe autour de lui (...) Henri IV
faisait raccommoder ses bottes, et n'en était pas moins un grand
roi. Il n'y a pas soixante ans que les premiers bourgeois faisaient
ressemeler leurs souliers. C'était donc autrefois une
communauté nombreuse ; mais comme il n'est rien de stable sur
terre, rien à l'abri des outrages du temps, il n'y a plus de
maîtrise ; cependant, que le savetier se garde bien de pousser la
réparation d'un soulier jusqu'à le rendre absolument neuf
, il paierait une amende(...)".
Les tisserands sont représentés par 6 personnes dont 2 sont qualifiées par le greffier comme "compagnons tisserands". Aucune femme n'apparaît ici. A. Franklin indique dans l'article qu'il consacre "aux tisserands de toile" [69] : "(...)
L'édit de 1776 rendit le métier absolument libre. Le
nombre des tisserands établis à Paris était alors
de 70 environ (...)".
Les métiers liés à l'aliementation
sont représentés, dans les minutes de la justice de paix
de la section, par des jardiniers et par un paind'épicier.
Les jardiniers sont au nombre de 16, aucune femme ni aucun salarié n'étant signalé sous la plume du greffier. L'Encyclopédie relève la multiplicité des spécialités qui concernent le jardinage :
"Jardinier, s. m. (Art Méch.)
est celui qui a l'art d'inventer, de dresser, tracer, planter, élever & cultiver
toutes sortes de jardins, il doit outre cela connoître le caractere de toutes
les plantes, pour leur donner à chacune la culture convenable. Les différentes
parties des jardins détaillées au mot
"jardin", font
juger qu'un jardinier ne peut
guere les posseder toutes ; l'inclination, le goût l'entraîne vers celle qui
lui plaît davantage : ainsi on appelle celui qui cultive les fleurs un "jardinier-fleuriste", celui qui
prend soin des orangers un "orangiste"
(Daviler), des fruits un "fruitier",
des légumes & marais un "maréchais",
des simples un "simpliciste"
(Furetiere), des pépinieres un "pépineriste"
(la Quintinie & Daviler.) (…)".
Un seul pain d'épicier est présent dans les minutes. Fabricants de pain d'épices dont l'Encyclopédie
souligne les vertus curatives, les pains d'épiciers sont
à Paris, selon A. Franklin, "au nombre de quinze ou seize
à la fin du dix-huitième siècle".
Les métiers dits "absolument libres" liés au logement sont représentés par la seule profession des vidangeurs qui sont au nombre de 12. A. Franklin leur consacre un long
article et rappelle l'histoire de ces artisans et ouvriers du nettoyage
des immondices de Paris [69] :
"(...)
Le soin de vider [les fosses d'aisance des maisons] incombait aux
pauvres hères que l'ordonnance de janvier 1351 appelle
"vuidangeurs ou maistres fifi". Dès 1389, un arrêt leur
avait donné le titre d'"ouvriers des basses oeuvres", mais leur
premier nom se conserva bien longtemps encore dans la langue populaire.
(...) Par arrêt définitif du 25 mai 1671, le parlement
reconnut que la corporation était constituée "de temps
immémorial" (...). En ce temps-là, la plupart des
maîtres des basses oeuvres demeurait dans le haut du quartier
Saint-Victor (...). Le nombre des maîtres des basses oeuvres, qui
était de 36 en 1725, ne semble guère varier depuis cette
époque. Hurtaut et Magny [dans leur "Dictionnaire historique de
Paris", tome I, p. 319] donnent le même chiffre en 1779, bien que
le métier eût été déclaré
libre en 1776 (...).
Aucune femme n'est
présente, mais un "compagnon vidangeur" et six "ouvriers
vidangeurs" figurent dans le corpus étudié.
L'ensemble des autres activités présentes parmi ces professions libres représentent 6 métiers et concernent 22 individus différents.
Les fripiers-brocanteurs sont, avec 13 individus différents, les plus nombreux. Aucune femme ni aucun salarié ne figure parmi eux. Ils sont sont définis par A. Franklin comme les "ancêtres de nos brocanteurs actuels". Il précise leur statut [70] : "(...)
Au dix-huitième siècle, les brocanteurs ont pour
concurrents les crieurs de vieux fers, ils sont redevenus ambulants et
obéissent à des réglements de police, que vient
compléter la déclaration du 29 mars 1778
[Déclaration du Roy portant règlement pour les
fripiers-brocanteurs] (...). Ils ont, au reste, le droit de vendre
toutes sortes de marchandises, de friperie, meubles et ustensiles de
hasard, qu'ils porteront sur leurs bras, sans qu'ils puissent les
déposer ni étaler en place fixe".
4 cordiers, dont une femme, apparaissent dans le corpus. deux d'entre eux sont qualifiés comme "marchands cordiers" par le greffier. L'Encyclopédie les définit ainsi : "Cordier, s. m. artisan qui a le
droit de fabriquer & vendre des cordes & cordages de chanvre, d'écorce
de tilleul, de lin, de crin, &c. en qualité de membre de la
communauté de ce nom. Les statuts de cette communauté sont datés de 1394. Il
n'y a point d'art qui en exigeât de meilleurs & de plus rigoureusement
prescrits ; car on ne sent que trop combien il est important dans la marine
d'avoir de bons cordages (...)".
A. Franklin précise à leur sujet [71] :"(...)
Les ouvriers de ce métier étant obligés de marcher
en arrière quand ils tordent leurs cordes, on disait d'eux
qu'ils gagnaient leur vie à reculons. (...) On comptati alors
à Paris environ 130 maître cordiers (...)".
3 vanniers, dont un "marchand vannier", sont présents. Aucune femme n'apparaît dans cette catégorie. L'Encyclopédie indique à leur propos : "Vannier, s. m. (Corps de
Jurande) celui qui fait ou qui vend des vans, ou tous autres ouvrages
d'osier, comme paniers, hottes, clayes, cages, corbeilles, charrieres,
verrieres, &c. pelles, boisseaux, soufflets, sabots, échelles, &c. (…) Les différens ouvrages
qui distinguent les vanniers, sont ceux de la mandrerie, de la clôture
ou closerie, & de la faisserie. (…) Les outils & instrumens communs aux
trois sortes de vanniers,
sont la scie montée & la scie à main, le couteau à travailler, divers
vilebrequins, entre autres le vilebrequin à hottriau, l'épluchoir, le poinçon
de fer, les fers à clorre, le maillet, le chevalet, l'établi, la sellette, les
moules, & le faudoir. Outre ces outils, les clôturiers ont encore la batte
de fer, le vilebrequin à Menuisier, la bécasse, le crochet, & la trétoire".
Le corpus comporte 2 boyaudiers, dont un "marchand boyaudier". Acune femme n'est présente. A. Franklin les définit ainsi [72] : "Artisans
qui préparaient et filaient les cordes faites de boyaux,
à l'usage des fabricants d'instruments de musique, des
raquetiers, etc. Ils n'employaient guère que les boyaux de
mouton ou d'agneaux. (...) À la fin du dix-huitième
siècle, les boyaudiers, au nombre de dix, étaient tous
établis aux environs de Montfaucon (...)".
Si aucun "boyaudier"
proprement dit ne figure dans la liste des acteurs figurant dans le
minutes de la justice de paix, un "marchand de nerfs de boeufs" et un
"peigneur de nerfs de boeufs" y sont présents. L'Encyclopédie décrit la production et l'utilisation des matériaux employés par ces artisans :"Nerf de boeuf, (Terme de Sellier)
c'est le nerf séché qui se tire de la partie génitale de cet animal.
Quand ce nerf est réduit en matiere de filasse longue de huit à dix
pouces, par le moyen de certaines grosses cardes de fer, il s'emploie par les
Selliers à nerver avec la colle forte, les arçons des selles & les panneaux
des chaises & carosses ; il entre aussi dans la fabrique des batoirs
propres à jouer à la paume. A Paris ce sont ces ouvriers qui le préparent, qui
le portent vendre aux marchands merciers quincailliers, par paquets du poids
d'une livre ; & c'est chez ces marchands, que les artisans qui en ont
besoin les vont acheter".
Aucun natier n'est présent, mais 2 rempailleuses de chaises apparaissent. Selon A. Franklin, "le titre [de rempailleur de chaises] appartenait aux natiers et aux tourneurs (...)". [73]. Enfin, dans cette liste des professions dites "absolument libres" dans l'édit d'août 1776, un brossier figure parmi les participants aux affaires traitées par le juge de paix. Le terme n'est pas retenu par l'Encyclopédie, mais A. Franklin affirme que le métier s'est développé depuis le 17ème siècle. Citant un manuel du dix-huitième siècle, il en mentionne les multiples productions, depuis les brossses de carrosses juqu'aux brosses à décrotter. Dans l'ensemble des professions exercées "librement" selon la définition de l'édit du 23 août 1776 et présentes dans le corpus étudié, 5 femmes sont citées. Par ailleurs, 9 salariés sont recensés, dont 7 pour la seule profession de vidangeur. Enfin, 6 "marchands", pratiquant divers métiers, sont répertoriés comme tels par le greffier de la justice de paix. 4 - Et les "hors édit d'août 1776" ... Non assimilables aux métiers inclus dans les trois ensembles définis par l'édit du 23 août 1776, 149 professions ou fonctions différentes sont répertoriées dans les qualifications attribuées à certains individus par le greffier dans les minutes de la justice de paix se la Section du Jardin-des-Plantes - Section des Sans-culottes dans le même période du 1er janvier 1791 au 21 septembre 1795-5ème jour complémentaire de l'an III. Pour 78 d'entre elles, il s'agit d'activités artisanales ou commerciales, les 71 autres concernant des fonctions administratives, religieuses, militaires ou intellectuelles. Dans le cadre de la présente étude, seuls quelques points caractéristiques de l'un et l'autre de ces deux ensembles seront présentés, des études particulières étant ultérieurement conduites sur l'une ou l'autre de ces activités ou fonctions exercées dans ce Paris du faubourg Saint-Marcel. 4.1 - 79 "autres" activités artisanales ou commerciales Ces activités sont représentées par 692 individus différents dans le corpus étudié. La place des femmes est loin d'y être négligeable, puisque 124 d'entre elles, soit 17,63 % sont répertoriées. 55 personnes (7,82 %) sont qualifiées comme "marchands" et 48 individus (soit 6,82 %) sont des salariés. Ne sont présentées ici que les six professions dont le nombre de ressortissants dans la section étudiée est supérieur à 30. Il s'agit, dans un ordre d'occurrence décroissant, des "gagne-deniers", des "blanchisseurs", des "couverturiers", des "voituriers", des "charretiers" et des "perruquiers". Les gagne-deniers sont au nombre de 114 dans le corpus. Parmi eux, 10 femmes sont répertoriées. Se référant au Dictionnaire de Trévoux, l'Encyclopédie donne une définition précise de ces travailleurs particulièrment présents dans les minutes de la justice de paix : "Gagne-denier, s. m. (Commerce)
homme fort & robuste dont on se sert à Paris pour porter des fardeaux &
marchandises en payant une certaine somme, dont on convient à l'amiable. On les
nomme aussi "porte-faix", "crocheteurs", "forts", "hommes de peine", "plumets",
"garçons de la pelle", "tireurs de moulins", &c. Ils servent pour la
plûpart sur les ports, & ont leurs salaires reglés par les prevôt des
Marchands & échevins : ils composent différentes communautés, & ont
leurs officiers, confrairies, & maîtres de confrairies. L'ordonnance de la
ville de 1712 a reglé plusieurs points de police qui concernent ces gagne-deniers.
On appelle du même nom à la Douanne de Paris, des gens à qui seuls il
appartient de travailler pour la décharge & recharge des marchandises,
ballots, balles, tonneaux, &c. qui y sont portés ou qui y arrivent
par les carrosses, coches, chariots, charrettes, & autres voitures
publiques. Ils sont choisis par les fermiers généraux, font une espece
d'apprentissage, & ne peuvent être reçûs qu'en payant certains droits qui
montent à près de huit cent livres. Ce sont eux qui exécutent les ordres des
principaux commis de la douanne, particulierement de l'inspecteur général des
manufactures & des visiteurs pour l'ouverture des balles & ballots,
& pour l'envoi des draperies à la halle aux draps, des livres à la chambre
syndicale des Libraires, & des toiles à la halle de cette marchandise. Leur
nombre n'excede guere celui de vingt ; leurs salaires ne sont pas fixés pour la
plûpart, & ils font bourse commune, partageant entr'eux tous les soirs ce
qu'ils ont reçû".
A. Franklin rappelle [74] qu'ils "se
divisaient en quatre classes : 1° Les gagne-deniers proprement dits
(...) 2° Les gagne deniers sur l'eau (...) 3° Les prteurs
spéciaux à certains métiers (...) 4° Les
gagne-deniers ou porteurs de la douane (...)".
Leur présence dans ce quartier
s'explique à l'évidence par la multitude des
activités portuaires et des "chantiers" que constituaient tous
les entrepôts liés à la Halle aux vins. De
même, la possibilité pour eux d'y trouver sans doute
un logement à moindre prix et proche de leur travail peut
justifier leur présence ainsi que les affaires contentieuses
qu'ils ont souvent avec leur propriétaires au sujet de leurs
loyers.Les 65 blanchisseurs représentent le second groupe en importance parmi ces activités artisanales. Le nombre très exceptionnel des femmes (48, soit près de 74 % de l'ensemble) qui exercent ce métier a justifié l'étude particulière que leur a consacrée Claude Durand-Coquard dans l'article inédit "Des blanchisseuses à Paris en Révolution. Autour de la citoyenne Despoix" et dont il est possible de prendre connaissance sur ce site. Les couverturiers sont au nombre de 42, une seule femme étant présente parmi eux. Deux sont qualifiés comme "marchands couverturiers" et 14 sont salariés. A. Franklin n'en précise pas les effectifs au 18ème siècle mais indique [75] qu'à cette époque "(...)
presque tous les couverturiers de Paris étaient établis
dans les faubourgs Saint-Marceau et Saint-Martin ; mais plusieurs
villes de Normandie, Darnetal et Vernon surtout, fournissaient à
Paris une énorme quantité de couvertures (...)".
41 voituriers par terre - sans compter les 2 voituriers par eau recensés dans le corpus - sont présents ici. L'Encyclopédie rappelle la multiplicité des fonctions et des formes de ce "voiturage" qui encombre les rues de Paris, notamment à partir des ports, dont celui de la Tournelle, et autour des halles, comme celle des Vins ou celle des Veaux situées dans le périmètre du quartier étudié : "Voiturier, s. m. (Commerce)
celui qui voiture, qui se charge de transporter d'un lieu à un autre des
personnes, des marchandises, des papiers, de l'or, de l'argent, des vins, des
bois, &c. même des prisonniers, moyennant un prix ou fixé par les
supérieurs & magistrats de police, ou arbitraire & tel que le voiturier
en convient avec les marchands ou autres particuliers qui veulent se servir de
son ministere. Sous ce nom sont compris non-seulement les voituriers
proprement dits, ou rouliers, & les bateliers ou maîtres de barques &
de bateaux, qui voiturent librement par toute la France, soit par terre, soit
par eau ; mais encore les messagers, maîtres des coches, les maîtres des
carrosses, les fermiers des coches d'eau, les loueurs de chevaux, les maîtres
des postes, & autres, qui ont des privileges & des pancartes. (…) Quant
aux voituriers rouliers, quoiqu'ils soient libres à certains égards,
comme sur la faculté d'entretenir autant de voitures qu'ils veulent ; de n'être
fixés ni pour le prix à certaine somme invariable ; ni pour le départ ou
l'arrivée, à certains jours & à certains lieux, comme les maîtres des
coches ou carrosses publics y sont obligés ; les rouliers cependant sont
astreints à divers reglemens de police & de commerce, concernant le soin
qu'ils doivent avoir des marchandises ; les frais & indemnités dont ils
sont tenus en cas de perte occasionnée par leur faute ; les avis qu'ils doivent
donner aux propriétaires ou commissionnaires de l'arrivée des marchandises ; la
maniere dont ils doivent se comporter par rapport aux lettres de voiture. Les voituriers
par eau sont aussi sujets à de semblables reglemens, qu'on peut voir en détail
dans le Dictionnaire de Commerce".
Très proches de cette profession se trouvent les 36 charretiers qui sont répertoriés dans les minutes du juge de paix. Une seule femme est présente. Le greffier ne signale pas leur statut social, mais il est vraisemblable qu'il sont tous salariés. L.-S. Mercier ne manque pas de stigmatiser leur comportement et d'en imputer la responsabilité à leurs maîtres [76] : "Qui
n'a pas reçu du bout du fouet d'un charretier, au risque de
perdre un oeil ? (...) Ce fouet va chercher l'homme le plus
éloigné, qui, distrait ou pensif, s'avance dans la rue,
et lui emporte une oreille ou lui coupe le visage. Le charretier jure
toujours comme un enragé, quoique le sang coule, et le pauvre
blessé qui voit couper et sangler les chevaux n'ose encore
parler à ce diable furieux, et se sauve chez le chirurgien du
quartier (...) Des lois en faveur des chevaux honoreraient un
législateur en France, et rendraient le peuple meilleur. Rien de
plus hideux et de plus féroce que nos charretiers ; mais tout
dépend des maitres. Les subalternes sont matés par les
gros directeurs des roulages et messageries, fiers de leurs
privilèges. Tous ces subalternes matent leurs valets ; et le
lourd charretier maté par la misère mate aussi ses
chevaux. Tout dépend des maîtres ; qu'on y
réflléchisse bien (...)".
Les perruquiers sont au nombre de 32 dans le corpus. Aucune femme n'est présente et aucun salarié n'apparaît sous la plume du greffier. A. Franklin leur consacre un long développement [77], insistant notamment sur l'importance numérique de la profession au dix-huitième siècle : "(...)
Nous voyons flleurir encore, sous Louis XVI, les perruques "de palais",
"à oreilles", "à la circonstance", à la grecque",
"en bonnet", "à rosette", "à cadogan" ou "catogan", gros
noeud descendant sur la nuque, "à la Panurge", "à trois
marteaux", qu'affectionnaient surtout les médecins et les
apothicaires. Tout le monde alors portait perruque, depuis le vieillard
décrépit jusqu'à l'enfant à peine
sevré ; les nobles comme les roturiers, les bourgeois, les
maîtres des métiers, les ouvriers. Le moindre laquais
aurait eu honte de se montrer avec ses propres cheveux, et la condition
des personnes se reconnaissait à la forme de leur perruque.
(...) La Révolution parvint à détrôner les
perruques. Encore lui resistèrent-elles longtemps (...)".
73 autres professions, comptant moins de 30 individus chacune, participent à l'activité artisanale et commerciale de cette section parisienne. Elles sont représentées au total par 373 personnes différentes. Un tableau général permet de visualiser quelques uns des éléments constitutifs de l'ensemble de ces 79 professions artisanles et commerciales non incluses dans l'édit de 1776 et répertoriées dans les minutes de la justice de paix :
Si aucune interprétaion de ce tableau n'est possible quant à la taille des entreprises mentionnées ni sur la place réelle des "marchands" concernés (cette qualification n'est pas toujours précisée sous la plume du greffier), certaines conclusions peuvent néanmoins en être tirées. D'une part, la place des femmes y est notable, puisqu'elle atteint près de 18 % des individus recensés. Elle est particulièrement importante dans certains métiers, comme chez les "revendeurs" (11 sur 13, soit 84,61 %), chez les "blanchisseurs" étudiés plus haut (près de 74 %), ou chez les "domestiques" (18 sur 26, soit 69,23 %). D'autre part, le salariat semble être peu important si l'on s'en tient aux chiffres bruts énoncés : il ne représenterait qu'un peu moins de 6,7 % du total des individus répertoriés. En fait, les salariés sont beaucoup plus nombreux, puisque certains des métiers inscrits par le greffier ressortissent sans aucun doute à cette catégorie sociale. Par exemple, la plus importante des professions reonnues est, comme il a été indiqué plus haut, celle des "gagne deniers" qui sont au nombre de 114 ; or ceux-ci ont un statut réel de salariés, puisqu'ils ne possèdent aucun autre moyen de production que leur force de travail qu'ils louent à divers employeurs. Il en est de même pour les 5 "chargeurs de bois", les 11 "compagnons de rivière", le "débardeur", l'ensemble des "domestiques" (26), les 20 "garçons de chantier de bois", les 3 "forts au port au blé", les 4 "manouvriers, "les 5 "ouvriers" dont la spécialité n'est pas précisée, le "portefaix", les 2 "porteurs à la halle", la "ratière des hôpitaux, les 28 "scieurs de long", ou la "tresseuse". Pour ne compter que ces indivdus, le chiffre, plus réel, des salariés véritables atteint au moins, en comptant ceux que le greffier a notés comme tels, le chiffre de 268 individus, cequi représente une proportion de près d'un tiers (32,43 %) des personnes travaillant dans ces professions artisanales et commerciales non incluses dans l'édit de 1776. Enfin, ce tableau fiat apparaître la présence de très nombreux petits métiers qui témoignent de l'infinie spécialisation du travail artisanal et commercial dans ce Paris industrieux du faubourg Saint-Marcel à la fin du 18ème siècle. Alfred Franklin avait déjà précisé la nature et l'importance de beaucoup d'entre eux dans son Dictionnaire historique souvent cité dans la présente étude : parmi ceux-ci, se touvent, par exemple, dans les minutes de la justice de paix, un "corroyeur", un "coupeur de poils, un "fabricant d'encre, "un "faiseur de lunettes", un "fossoyeur", un "frotteur", cinq "marchands de peaux de lapin, une "ratière des hôpitaux", une "ravaudeuse" ou "une "tresseuse". Mais certains des métiers désignés par le greffier n'ont pas de place dans cet ouvrage, à l'instar, entre autres, du "batteur de soude", des deux "empeigneurs de couvertures", des neuf "empileurs de bois sur les ports" ou des sept "tireurs de bois sur les ports". 4.2 - 71 fonctions politiques, administratives, intellectuelles ou religieuses Ici encore, le classement de ces fonctions reste aléatoire, certaines d'entre elles pouvant être regroupées dans plusieurs ensembles : par exemple, la place des anciens "parlementaires" se trouve- t-elle dans l'ensemble "politique " ou "administratif ? De même, en 1789, un "instituteur" doit-il être classé parmi le personnel religieux ou dans la catégorie des professions intellectuelles ? Dans le présent article, aucune certitude n'est affirmée quant à la valeur du classement finalement proposé et, comme pour l'étude précédente concernant les professsions artisanales ou commerciales, l'importance quantitaive des individus dans chacune des fonctions répertoriées servira de guide à cete présentation. Sept ensembles de fonctions - avec tout ce que ce terme peut présenter d'ambiguïté -, remplies par 221 individus, peuvent être repérés dans le corpus étudié, ici présentés en ordre décroissant quant aux effectifs : les membres des forces de l'ordre, les juristes, les personnels de bureau, les enseignants, les membres des corps religieux, les personnels de santé et, enfin, l'ensemble des autres fonctions ou métiers insolubles dans les six précédents. Les forces de l'ordre sont représentées par 41 personnes. Les "gardes nationales", au nombre de 12, tiennent la première place. Leur nombre est immédiatement supérieur à celui des "gendarmes" (10) , lui-meme égal à celui des 10 autres "gardes" (dont 4 "gardes des ports"), auxquels s'ajoutent 5 "soldats", 3 "canonniers" et un "brigadier du château de la Tournelle". Le rôle "professionnel" de ces représentants des forces de l'ordre ne peut être analysé dans les minutes de la justice de paix, celle-ci n'étant pas compétente, à Paris, dans le domaine de la justice pénale et criminelle, à l'exception de quelques traces d'instruction qui peuvent toucher des affaires de cet ordre. Ces individus interviennent donc dans le corpus dans le seul domaine privé, en justice contentieuse ou gracieuse. Parmi les 41 juristes recensés, les minutes permettent de distinguer les individus qui exercent effectivement des professions liées au droit de ceux qui appartenanient aux corps d'Ancien Régime. Au nombre des premiers, soit 26 individus, 21 "hommes de loi" sont présents dans les minutes de la justice de paix. 5 d'entre eux sont répertoriés par Haïm Burstin [78] comme ayant joué un rôle politique notable au cours de la période considérée. La définition de leur fonction reste assez problématique : A. Franklin les assimile [79] aux "agents d'affaires" dont il reprend la définition donnée par Roze de Chantoiseau dans l'Almanach du Dauphin : "Les
agents d'affaires, négociateurs, commissionnaires, etc. sont
ceux qui se chargent de suivre les affaires juridiques et de commeerce
pour et au nom d'un commettant, et d'en concilier et ménager les
intérêts".
Le greffier qualifie par ailleurs
comme "hommes d'affaires" 3 autres personnes dont la fonction semble
donc être identique à celle de ceux qu'il nomme "hommes de
loi". L'importance des
affaires commerciales liées aux activités portuaires
justifie la présence nombreuse de ces hommes de loi dans cette
section du Jardin-des-Plantes. Enfin, 2 "huissiers" complètent la
liste de ces professionnels du droit en exercice.Les seconds, soit 15 individus, sont tous membres des cours judiciaires anciennes, leur domicile, proche du Palais, expliquant leur présence sur l'autre rive de la Seine. Il s'agit d'un ex "Président au Parlement de Paris", de 7 ex "procureurs" au Parlement ou au Châtelet, de 3 ex "avocats au Parlement", d'un ex "secrétaire de la Table de Marbre", de 2 ex "greffiers au Parlement de Paris", auxquels il faut ajouter un ex "notaire royal". Le plus souvent, ils ne comparaissent pas eux-mêmes devant le juge de paix, mais se font représenter soit par leur épouse soit par un fondé de pouvoir. L.-S. Mercier, dans un texte publié en 1783, a dénoncé avec une grande virulence les représentants les plus nombreux de ces anciens corps judiciaires, à sovoir les "procureurs" [80] : "Si
vous avez dans une maison un endroit sale, obscur, fétide,
malpropre, plein d'ordures, les souris et les rats s'y logent
infailliblement. Ainsi dans la fange et le chaos abominable de notre
jurisprudence, on a vu naître la race rongeante des procureurs et
des huissiers. Ils se plaisent dans les détours
ténébreux de la chicane ; ils vivent grassement dans le
labyrynthe de la procédure (...). Quelques procureurs roulent
carrosse, tirent de leur greffe quarante à cinquante mille
francs par an. Les avocats les courtisent assidûment, pour avoir
des causes (...) C'est toujours lui qui choisit l'avocat. (...) aussi
les avocats sont-ils plus souples et plus dociles devant les procureurs
que l'apothicaire ne l'est devant un docteur de la Faculté (...)".
Les personnels de bureau sont représentés par 39 individus dans les minutes de la justice de paix. Parmi eux, 16 "employés" sont précisément répertoriés. Il s'agit de 3 "employés à la poste", de 3 "employés à la municipalité", de 3 "employés à la trésorerie", de 2 "employés aux subsistances", de 2 "employés aux tabacs", de 2 "employés aux fermes" et d'un "employé aux fabrications d'armes". 9 "commis" interviennent, certains auprès de particuliers comme "Antoine Dusson, commis chez le sieur Bacot, négociant", d'autres étant des fonctionnaires d'administration à l'instar de "Charles-Pierre Mauroy, commis au Bureau de la marque des couvertures". La multiplication du nombre de ces commis à la fin du 18ème siècle fait d'ailleurs l'objet des railleries de L.-S. Mercier [82] : "Si
Vaucanson, au lieu d'un "flûteur automate", avait entepris de faire un
"commis-scribe", comme il aurait rendu service à ces régies de toutes
espèces et de toutes couleurs qui dressent de toutes parts des bureaux
! Bon Dieu ! Quelle foule innombrable de commis ! Il y en a tout autant
que de laquais ; les uns tiennent la plume comme les autres tiennent la
serviette. Pour le moindre paquet qu'on retire ou qu'on envoie, on vous
offre un petit morceau de papier griffonné. Quinze hommes à la file le
signent et le contresignent (...)".
Dans cette même
catégorie peuvent être incorporés les 5 "facteurs"
qui figurent dans le corpus : 3 "facteurs à la Porte", un
"facteur au bureau des coches d'eau", et une "factrice chez un
particulier". 4 membres des structures administratives de l'Ancien Régime sont recensés dans les minutes : un "ex chargé des recettes aux entrées de Paris", un "ex contrôleur au port Saint-Nicloas", un "ex piqueur aux travaux publics" et un "ex receveur des fermes du roi". Enfin, 3 "secrétaires" (dont un "de la Convention nationale"), un "receveur des loteries" et un "archiviste municipal" complètent la panoplie de ces personnels de bureau. Les 31 membres du corps enseignant recensés dans le corpus ne forment pas une catégorie homogène. 13 d'entre eux sont qualifiés comme "institueurs" par le greffier. L'Encyclopédie ne leur consacre qu'une très brève notice : "Instituteur, (Gram.) celui
qui instruit & forme. On dit d'un homme qu'il est un excellent instituteur
de la jeunesse ; éloge rare qui suppose de l'esprit, des moeurs, du jugement,
des connoissances, du monde. On a fait le mot institution, qui se prend
dans le même sens qu'instituteur".
A. Franklin [81] en renvoie la définition à celle des "maîtres d'école" : "(...)
Au dix-huitième siècle, l'instruction primaire
était donnée dans les treize centres suivants dont les
six premiers étaient gratuits : 1° Les écoles de
charité (...). 2° Les écoles chrétiennes
(...). 3° Les écoles d'enfants de choeur. 4° Le
collège des Bons-Enfants, rue Saint-Honoré (...). 5°
Écoles des savoyards (...). 6° Écoles conventuelles
(...). 7° Petites-écoles (...). 8° Pensions tenues par
des maîtres (...). 9° Pensions tenues par des permissionnaires
(...). 10° Pensions tenues par des maîtres ès arts
(...). 11° Collèges de l'Université (...). 12°
Écoles tenues par la corporation des écrivains (...).
13° Couvents de filles (...)".
L'auteur ajoute un nouveau renvoi
vers la rubrique "maîtres de pension" dont 11 titulaires figurent
dans le corpus, 3 femmes en faisant partie. Par ailleurs, 4 "professeurs" et 3 "maîtres d'écriture" sont aussi présents. Les membres du clergé se trouvent au nombre de 20, leur répartition entre différentes fonctions étant particulièrement notable. Aucun "curé" n'est présent dans le corpus, mais 4 "vicaires de la paroisse de Saint-Nicolas du Chardonnet" sont mentionnés. Par ailleurs, 4 "chantres" apparaissent, 2 à Saint-Nicolas du Chardonnet et 2 à Saint-Victor. 3 "prêtres" officient dont 2 dans des instituions éducatives, la "petite communauté du Séminaire" et la "maison de Navarre". Se trouvent encore 2 "organistes", le mari et la femme Ménard, le ci-devant '"abbé" de Saint-Victor, le "prieur du Grand Séminiare", la "Mère supérieure du couvent des Hospitalières", une "religieuse", sans autre précision, un "clerc tonsuré" et le "bedeau de la paroisse Saint-Nicolas du Chardonnet. 3 femmes sont donc présentes dans cet ensemble. Parmi les 19 professionnels de la santé, 13 "chirurgiens" sont présents dans les minutes étudiées. Aucune femme n'exerce cet art et aucun salarié n'apparaît. L.-S. Mercier est particulièrement élogieux à l'égard de cette profession qu'il distingue de la médecine tout en insistant sur leur complémentarité [83] : "(...)
Cet art a fait des progrès étonnants, et qu'on admire
avec raison. Il est moins incertain que la médecine. On ne
saurait refuser des applaudissements à la
dextérité et aux succès de tant de mains habiles.
(...) On ne doit pas considérer la chirurgie comme
séparée de la médecine. Les principes curatifs
sont les mêmes ; il faut que le chirurgien sache autant que le
médecin ; qu'il ne soit pas étranger à la
botanique, à la chimie, à l'histoire naturelle ; toutes
branches nécessaires de l'art de guérir, et qui se
prêtent un jour mutuel sur les fonctions variées qui
entretiennent et réparent la vie".
Le "directeur" et
l'"économe" de l'hôpital de la Pitié figurent dans
cette catégorie ainsi que 2 "médecins" et 2
"sages-femmes". Dans l'article qu'il consacre à ces
dernières, L.-S. Mercier met en cause leur
honnêteté, voire leur compétence [84] :"Quand
une fille est devenue mère, elle n'avertit personne,
malgré l'édit de Henri II. Elle dit qu'elle va à
la campagne ; mais elle n'a pas besoin de sortir de la ville,
même du quartier, pour se cacher et faire ses couches. Chaque rue
offre une "sage-femme" qui reçoit les filles grosses. Un
même appartement est divisé en quatre chambres au moyen de
cloisons, et chacune habite sa cellule, et n'est point vue de sa
voisine. (...) La fille attend là le moment de sa
délivrance ; un mois ou six semaines, selon qu'elle a bien ou
mal calculé. Elle sort après la quinzaine, et rentre dans
sa famille et dans la société. (...) Ces sages-femmes
tirent le plus d'argent qu'elles peuvent des infortunées qui
viennent chercher leurs secours ; ils ne sont pas
désintéressés ; il n'en coûte guère
moins de douze livres par jour. (...) On compte à Paris deux
cent maîtresses sages-femmes ; il y naît environ vingt
mille enfants : divisez".
Enfin, les minutes de la justice de paix de la section mettent en scène, au cours de cette période, 30 individus ne pouvant être classés dans aucun des ensembles précédemment présentés. 8 "architectes", 5 "députés" aux différentes assemblées, 4 "concierges", 3 "pompiers", 2 "directeurs des coches d'eau", ainsi qu'un "chanteur", un "étudiant", un "joueur de violon", et un "musicien", un "ingénieur", un "mathématicien", un "mécanicien", et un "marchand forain" (sans autre précision) participent au spectacle de cette vie parisienne de l'époque révolutionnaire. Un tableau peut permettre de récapituler quelques-unes de leurs caractéristiques, les données relatives à la situation de "marchand" ou de "salarié" précédemment pertinentes étant ici totalement absentes (à l'exception d'un "marchand forain" indéterminé) :
Quelques constatations peuvent être tirées de l'examen de ces données chiffrées. D'une part, les fonctions d'autorité sont quantitativement importantes dans le corpus. En ajoutant aux 81 représentants de l'ordre et du droit les 5 "députés" et le "secrétaire de la Convention nationale" répertoriés, leurs représentants forment près de 43 % de l'ensemble des individus recensés dans cette dernière catégorie. D'autre part, la très faible place des femmes (moins de 5 %) est limitée, à l'exception d'une employée "factrice chez un marchand de bois", aux seuls secteurs de l'enseignement, de la santé et de la religion ; les trois groupes sont d'ailleurs traditionnellement liés dans les pratiques éducatives et hospitalières tout au long de l'Ancien Régime. Enfin, les fonctions liées à la politique sont très peu représentées dans ce corpus. Seuls 5 députés demeurent, au cours de la période considérée, dans cet espace. Deux d'entre eux interviennent pour se défendre contre des accusations de gages non versés à des domestiques ou d'impayés à propos de travaux effectués chez eux. Un autre est simplement cité comme témoin lors d'un acte de tutelle d'enfants mineurs. quant aux deux représentants de la Convention nationale, Jean-Baptiste Boiron et Jacques-Joseph Cusset, députés du département de Rhône-et-Loire, ils viennent faire procéder, par le juge de paix, à la pose des scellés au domicile de l'économe de la Pitié, incarcéré en juillet 1794, pour menées contre révolutionnaires. Cusset est le plus connu d'entre eux pour avoir, aux côtés de Chalier et de Noël Pointe, été l'un des plus ardents accusateurs lors du procès du Roi et, comme le rappelle Jean Jaurès [85], pour avoir été "impliqué dans l'affaire
du camp de Grenelle, qui suivit la conspiration de Babeuf,
condamné à mort et fusillé".
En guise de conclusion ... Au cours de cette enquête au sein des minutes de la justice de paix de la section du Jardin-des-Plantes (Sans-culottes) de Paris, plusieurs constats et une question peuvent s'imposer. En premier lieu, la définition même de certains des métiers pratiqués à Paris à la fin du 18ème siècle reste incertaine, soit parce qu'ils peuvent être classés dans plus d'une catégorie, soit en raison des lacunes que le greffier a laissé dans leur énoncé. Le corpus permet donc bien de vérifier en partie leur pratique dans ce quartier populaire et industrieux de la capitale, mais il n'est pas parfaitement pertinent pour prétendre en effectuer un exact recensement. En second lieu, leur classement pose de nombreux problèmes. Les apports des ouvrages de l'époque, comme l'Encyclopédie, le texte de l'édit du 23 août 1776, ou le Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier sont inestimables, mais ne peuvent apporter de réponse univoque à de nombreuses questions concernant cet éventuel classement. D'ailleurs, certains des métiers ou des fonctions attribuées dans les minutes à tel ou tel individu ne figurent dans aucune de ces sources bibliographiques et rejoignent donc plus ou moins arbitrairement certaines des catégories retenues dans la présente étude. Enfin, et en dépit des deux constats précédents, il reste que les minutes de la justice de paix permettent, par leur seul recensement statistique, de prendre connaissance d'un certain nombre d'éléments constitutifs de la structure économique et sociale de la société parisienne telle qu'elle se présente dans ce quartier. Le nombre des individus qu'elles permettent de recenser, la précision - même parfois incomplète - de leur statut social, les effectifs repérables dans chacune des catégories regroupées ici sont autant d'indicateurs quantitatifs sur la vie économique et sociale vécue à l'époque de la Révolution. Il reste à se poser une question dont la solution peut seule valider l'étude de ce corpus archivistique au delà du seul point de vue quantitatif : quelles précisons sur la vie quotidienne de chacune de ces catégories l'étude plus précise des documents ainsi répertoriés et classés peut-elle apporter à l'historien des sociétés ? Les travaux qui suivent cette première ébauche doivent permettre d'y répondre, au moins partiellement. Notes [1] BURSTIN Haïm, Une révolution à l'œuvre. Le faubourg
Saint-Marcel (1789-1794), Éditions Champ Vallon, Seyssel, 2005. Cet ouvrage
renouvelle toutes les études précédentes sur ce quartier de Paris et sert
désormais de référence incontournable au chercheur. "Les districts conçus en avril 1789 pour ne durer que le
temps des élections étaient peu homogènes. La loi municipale du 21 mai-27 juin
1790 organisa une nouvelle division administrative de Paris. Les 60 districts
furent réduits à 48 sections aux limites plus régulières et plus nettes. Mais,
en dépit des efforts, leurs dimensions et leur population demeurèrent inégales.
(…) Une nouvelle géographie administrative établie en août 1794, confirmée par
la constitution de l'an III bouleversa les structures institutionnelles en
créant 12 municipalités d'arrondissement regroupant chacune 4 sections, rompant
souvent leurs attaches et leur contiguïté. Cette répartition fut conservée
jusqu'en 1860".
[3] Le plan le plus précis de
l'agglomération parisienne concernant cette époque reste l'atlas de la censive
de l'archevêché de Paris, édité en 1786, qui permet de connaître avec
exactitude l'emplacement et les noms des diverses voies de la capitale à la veille de la Révolution. [5] Archives de Paris (A. de P.). Les différentes liasses sont conservées et classées, pour la période considérée dans la cote générale D.12U1 … [6] Tableau des activités économiques 1999. Source : I.N.S.E.E. Recensement 1999-Exploitation complémentaire
[8] BURSTIN Haïm, op. cit. p. 171. [9] Ibid., p. 171 sqq. L'auteur examine successivement les problèmes liés aux corporations dans le district de l'Observatoire (les déchargeurs du port de l'Hôpital), de ceux qui ont trait à la situation du commerce dans le district de Sainte-Geneviève (p. 172 -173), des problèmes du commerce des marchandises dans celui de Saint-Etienne-du-Mont (p. 173-175) et surtout des revendications exprimées par les ouvriers de la manufacture des Gobelins dans le district éponyme (p. 175-182). [10] DUCOUDRAY É., MONNIER R. et ROCHE D., op. cit., p. 40. [11] FRANKLIN A., op. cit., article "Six-Corps", p. 647. [11 bis] MERCIER Louis-Sébastien, Tableaux de Paris, 1995, tome II, chapitre CMXC "Épiciers-droguistes", p. 1406. [12] FRANKLIN A., op. cit., article "Gaziers", p. 361. [13] LEVASSEUR Émile, Histoire des classes ouvrières en France, Paris, 1859, tome II, p. 151. [14] SAVARY Philémon-Louis, Dictionnaire universel de commerce. Ouvrage posthume du Sr Jacques Savary Des Bruslons... continué... et donné au public, par Philémon-Louis Savary,... Nouvelle édition, Paris, 1741, tome II, p. 424. Jacques Savary des Bruslons (1657-1716). [15] FRANKLIN A., op. cit., article "Cartiers", p. 129 : "(...)
L'édit de septembre 1661 eut pour objet de régulariser la confection
des cartes à jouer, et surtout de faciliter la perception de l'impôt
qui les frappait (...). [À la fin de l'Ancien Régime] on distinguait
(...) quatre qualités de cartes, classées suivant leur finesse, en
fleurs, premières, secondes, triards. (...)".
[16] Ibid., article "Paumiers", p. 552 :"Tenanciers de jeux de paume et de billard, faiseurs de balles, raquettes, etc. (...)".
[17] Les
"maçons" qui sont aussi "entrepreneurs de bâtiment" ne
sont décomptés que dans cette dernière
catégorie.Louis-Sébastien MERCIER prononce un jugement sans appel contre tous les professionnels du bâtiment (op. cit., tome II, "Ouvriers en bâtiment", p. 382 sqq.) qu'il accuse de vol et de concussion systématiques : "(...) celui qui veut
bâtir en achètera le plaisir bien cher. Les ouvriers
dévorent le citoyen qui veut être logé chez lui. Le
voilà environné d'architectes, de maçons, de
charpentiers, de serruriers, de menuisiers, de couvreurs, de carreleurs
; et puis surviendront les jurés-experts, qui ont leur marche
oblique (...)".
[18] DUCOUDRAY É., MONNIER R. et ROCHE D., op. cit., p. 40 : "Répartition des ports et marchés (1789-1812)" et Activités des ports (1782).[19] FRANKLIN A., op. cit., article "Tourneurs en bois", p. 701-702, rappelle qu'au 13ème siècle, "ils appartenaient à la corporation des charpentiers". Mais l'Édit d'août 1776 en fait une des composantes de la corporation des "menuisiers, tourneurs ...". [20] Ibid., article "Layetiers", p. 428-429 : "Layetiers. Fabricants de
layettes. On appelait ainsi les coffres de dimension restreinte
et faits de planches minces. Parmi les nombreux objets dont les
layetiers avaient la spécialité, je citerai : les boites
ou étuis à chapeaux, les boites à perruque, les
baraques et les pupitres d'écoliers, les chaufferettes et les
chancelières, les trémies à grains pour les
oiseaux, les souricières, les cages à écureuils et
à perroquets, les crachoirs, les boites à archives, les
cercueils, les étuis pour instruments, etc., etc. (...)
L'édit de 1776 réunit les layetiers aux menuisiers et aux
tourneurs. (...)".
[21] SAVARY P.-L., op. cit., tome II, p. 424.
[22] MONNIER Raymonde, Le Faubourg Saint-Antoine (1789-1815), Paris, 1981, p. 70. [23] FRANKLIN A., op. cit., article "Treillageurs", p. 713 : "(...) Le treillageur
ordinaire se bornait à former avec le bois des carrés,
des losanges, etc. Le treillageur d'ornement devait, en outre, savoir
faire des colonnes, des pilastres, des corniches, des frontons, des
panneaux, des vases, des couronnements, des dômes, des lanternes,
etc. (...)".
[24] Ibid., article "Menuisiers", p. 476 :"(...) En 1314, les
prérogatives accordées au premier charpentier du roi
furent abolies et, probablement vers cette époque, la
corporation des charpentiers se divisa en deux classes :
[25] Ibid., article "Taillandiers", p. 671 :- les charpentiers de la grande cognée, occupés aux ouvrage de charpente et autres gros travaux ;
- les charpentiers de la petite cognée, occupés aux ouvrages plus "menus", d'ou leur vint le nom de menuisiers (...)". "(...) Les
taillandiers-ferblantiers en fer blanc et noir (...) fabriquaient des
chandeliers, des lanternes, des arrosoirs, des passoires, des
râpes, des entonnoirs, des girouettes, des moules pour
pâtissiers, etc, etc.(...)".
[26] Ibid., article "Grossiers", p. 374 :"(...) Les
maréchaux-ferrants se bornaient à ferrer et soigner les
chevaux, les maréchaux-grossiers forgeaient des socs de charrue,
des coutres, des hoyaux, etc. (...)".
[27] Ibid., article "Serruriers", p. 643.[27 bis] Ibid., article "Faïenciers", p. 318. [28] MERCIER L.-S., op. cit., tome II, chapitre DCCXXXIII, "Tapissiers", p. 676. [29] Ibid., tome I, chapitre CCXCIV, "Épingliers-cloutiers", p. 756. [30] FRANKLIN A., op. cit., article "Crieurs de vieux fers", p. 236-237. [31] Ibid., article "Cordonniers", p. 203-204. [32] MERCIER L.-S., op. cit., tome II, chapitre DCCCLVII, "Cordonnier", p. 1045. [33] FRANKLIN A., op. cit., article "Galochiers", p. 353-354 : "(...) Les galoches [sont]
utilisées, en hiver surtout, pour protégeer des
chaussures plus l"gères. Par les jours de boue, les
élèves externes qui se rendaient chaque matin au
collège en faisaient grand usage ; aussi les nommait-on
des galoches".
[34] Ibid., article "Passe-talonniers", p. 549 :"Ouvriers qui recouvraient de peaux de diverses couleurs les talons mis aux chaussures élégantes (...)".
[35] FRANKLIN A., op. cit., article "Fripiers", p. 347.[36] MERCIER L.-S., op. cit., tome II, chapitre DCXXVI, "Grisettes", p. 337-338. [37] FRANKLIN A., op. cit., article "Parfumeurs", p. 547. [38] Ibid., article "Culottiers", p. 243. [39] Ibid., article "Teinturiers", p. 682 sqq. Dans cet article et dans les articles suivants consacrés aux diverses spécialités des teinturiers de Paris, l'auteur précise l'histoire de cette teinturerie parisienne utilisant les eaux de la Bièvre et particulièrement importante dans l'établissement fondé, dans le faubourg Saint-Marcel par Jean Gobelin au milieu du XV ème siècle. [40] Ibid., article "Tondeurs de draps", p. 699-700 : "Le drap, après
avoir été lainé et séché, devait
être tondu à plusieurs reprises, et cette délicate
opération constituait le privilège d'une
communauté spéciale, celle des tondeurs. (...) Vers la
fin du dix-huitième siècle, le nombre des tondeurs de
draps était de quarante environ (...)".
[41] Ibid., article "Foulons", p. 337-338 :" Jean de Garlande
(treizième siècle) décrit avec assez d'exactitude
les multiples opérations auxquelles se livraient less foulons.
Il les représente, nus et haletants, foulant le drap dans de la
glaise unie à de l'eau chaude. (...) Ils le tendaient ensuite,
pour le faire sécher, sur des rames ou poulies, puis le
frottaient avec des chardons pour en tirer le poil. (...) Le nombre des
maîtres était [en 1730] de 18 environ et ne paraît
pas avoir beaucoup varié depuis (...)".
[42] Ibid., article "Brodeurs", p. 111.[43] Ibid., article "Vinaigriers", p. 731. [44] Ibid., article "Boulangers des faubourgs", p. 97-98. [45] MERCIER L.-S., op. cit., tome II, chapitres DCXXXI, "École de boulangerie", p. 353 et MXV, "Panification", p. 1489. [46] FRANKLIN A., op. cit., article "Bouchers", p. 93. [47] MERCIER L.-S., op. cit., tome I, chapitre CDLXXXII, "Porcs", p. 1317. [48] FRANKLIN A., op. cit., article "Brasseurs", p. 108-109. [49] MERCIER L.-S., op. cit., tome I, chapitre CCCLXII, "Pâtissiers, rôtisseurs", p. 1010-1011. [50] MERCIER L.-S., op. cit., tome II, chapitre DCCLVI, "Imprimerie", p. 739. [51] FRANKLIN A., op. cit., article "Imprimeurs en taille douce", p. 397-398. [52] Ibid., article "Doreurs sur métaux", p. 269. [53] Ibid., article "Relieurs de livres", p. 618. [54] Ibid., article "Sculpteurs", p. 634. [55] Ibid., article "Horlogers", p. 389. [56] MERCIER L.-S., op. cit., tome I, chapitre CCCXIV, "Maîtres écrivains", p. 828. [57] FRANKLIN A., op. cit., article "Luthiers", p. 447. [58] Ibid., article "Lapidaires", p. 424. [59] Ibid., article "Charrons", p. 151. [60] Ibid., article "Charrons", p. 697. [61] Ibid., article "Maréchaux", p. 468. [62] Ibid., article "Crieurs de vieux fers", p. 236-237. [63] Ibid., article "Cloutiers", p. 176. [64] Ibid., article "Couteliers", p. 223-226. [65] MERCIER L.-S., op. cit., tome I, chapitre CCCLX, "Auvergnats", p. 1007. [66] FRANKLIN A., op. cit., article "Chandeliers", p. 137-138. [67] Ibid., article "Cardeurs de laine et de coton", p. 126. [68] MERCIER L.-S., op. cit., tome II, chapitre DCCCLVIII, "Savetier", p. 1047-1048. [69] FRANKLIN A., op. cit., article "Vidangeurs", p. 728-730. [70] Ibid., article "Brocanteurs", p. 110. [71] Ibid., article "Cordiers", p. 202. [72] Ibid., article "Boyaudiers", p. 107. [73] Ibid., article "Rempailleurs de chaises", p. 619. [74] Ibid., article "Gagne-deniers", p. 352-353. [75] Ibid., article "Couverturiers", p. 230. [76] MERCIER L.-S., op. cit., tome I, chapitre CCCLXIII, "Du fouet du charretier", p. 1012-1013. [77] FRANKLIN A., op. cit., article "Perruquiers", p. 564-566. [78] BURSTIN Haïm, op. cit. Il s'agit des "hommes de loi" suivants : Louis-Joseph Eynaud, assesseur du juge de paix (1790-1791), membre de la Commission du 10 août, commissaire de la section, membre de la Commission centrale de bienfaisance de la section, p. 153n, 296n, 641-642, 708n - Jean-François Fournel, membre du Comité de la section en 1791, p. 301n - Lemoine, assesseur du juge de paix (1790-1791), membre du Bureau de charité des paroisses St-Nicolas-du Chardonnet et St-Victor, membre du Comité de bienfaisance de la section en l'an III, p. 153n, 296n, 321n, 322n, 708n - Alexandre-César Perron, représentant dela Commune provisoire en 1789 pour le district de St-Nicolas-du-Chardonnet puis pour la section du Jardin-des-Plantes, p. 70n, 72n, 148n, 149 et 149n, 367 - Jean-Baptiste Robinot, membre du Comité de bienfaisance de la section en l'an II, p. 755n. [79] FRANKLIN A., op. cit., article "Agents d'affaires", p. 9. [80] MERCIER L.-S., op. cit., tome I, chapitre CCVI, "Procureurs. Huissiers", p. 515-519. [81] FRANKLIN A., op. cit., article "Maître d'école", p. 453. [82] MERCIER L.-S., op. cit., tome II, chapitre DCCLXXI, "Commis-scribes", p. 787. [83] Ibid., tome I, chapitre "Académie royale de musique", p. 1112-1131. [84] Ibid., tome I, chapitre "Sages-femmes", p. 1040-1044. [85] JAURÈS Jean, Histoire socialiste de la Révolution française, Paris, réédition, 1970, tome III, note page 171. |