G.-J.B.
Target (1733-1807) |
Un
glossaire des termes rencontrés Laboureur |
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ENC
LABOUREUR, s. m. (Econom. rustiq.) Ce n'est point cet homme de peine, ce mercenaire qui panse les chevaux ou les boeufs, & qui conduit la charrue. On ignore ce qu'est cet état, & encore plus ce qu'il doit être, si l'on y attache des idées de grossiereté, d'indigence & de mépris. Malheur au pays où il seroit vrai que le laboureur est un homme pauvre : ce ne pourroit être que dans une nation qui le seroit elle-même, & chez laquelle une décadence progressive se feroit bientôt sentir par les plus funestes effets.
La culture des terres est une entreprise qui exige beaucoup d'avances, sans lesquelles elle est stérile & ruineuse. Ce n'est point au travail des hommes qu'on doit les grandes récoltes ; ce sont les chevaux ou les boeufs qui labourent ; ce sont les bestiaux qui engraissent les terres : une riche recolte suppose nécessairement une richesse précédente, à laquelle les travaux quelque multipliés qu'ils soient, ne peuvent pas suppléer. Il faut donc que le laboureur soit propriétaire d'un fonds considérable, soit pour monter la ferme en bestiaux & en instrumens, soit pour fournir aux dépenses journalieres, dont il ne commence à recueillir le fruit que près de deux ans après ses premieres avances. Voyez FERME & FERMIER, Economie politique.
De toutes les classes de richesses, il n'y a que les dons de la terre qui se reproduisent constamment, parce que les premiers besoins sont toujours les mêmes. Les manufactures ne produisent que très-peu au-delà du salaire des hommes qu'elles occupent. Le commerce de l'argent ne produit que le mouvement dans un signe qui par lui-même n'a point de valeur réelle. C'est la terre, la terre seule qui donne les vraies richesses, dont la renaissance annuelle assure à un état des revenus fixes, indépendans de l'opinion, visibles, & qu'on ne peut point soustraire à ses besoins. Or les dons de la terre sont toujours proportionnés aux avances du laboureur, & dépendent des dépenses par lesquelles on les prépare : ainsi la richesse plus ou moins grande des laboureurs peut être un thermometre fort exact de la prospérité d'une nation qui a un grand territoire.
Les yeux du gouvernement doivent donc toujours être ouverts sur cette classe d'hommes intéressans. S'ils sont avilis, foulés, soumis à des exigences dures, ils craindront d'exercer une profession stérile & sans honneur ; ils porteront leurs avances sur des entreprises moins utiles ; l'Agriculture languira, dénuée de richesses, & sa décadence jettera sensiblement l'état entier dans l'indigence & l'affoiblissement.
REF
LACHIVER (Marcel), Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, A. Fayard, 1997, p. 1 004 :
Laboureur,
s.m. 1 Celui qui laboure la terre, aussi bien l'ouvrier qui trace
la raie du labour que le propriétaire ou le fermier qui exploite une ferme./
Laboureur à bras, journalier, manouvrier, parfois petit propriétaire, mais qui
n'a pas de bêtes de trait; de
FRANKLIN (Alfred), Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercé à Paris depuis le XIIIe siècle, Paris, Jean-Cyrille Godefroy, 2004, (réimpression du livre publié par H. Welter éditeur en 1906, p. 417 :
Laboureurs. L'ordonnance de janvier 1351 les nomme "laboureux de houe ou de besche". On trouve encore laboriers, labouriers, laboureux, charruiers, gaigneurs, ganyeurs, etc., etc.
On nommait journal la quantité de terrain qu'une charrue pouvait labourer en un jour. Aux environs de Paris, cette mesure représentait environ 32 ares 8 centiares.
L'ânée représentait environ 296 ares. On la nommait ainsi soit parce qu'elle indiquait la superficie qu'un âne pouvait labourer en un an, soit parce qu'il fallait la charge d'un âne pour l'ensemencer.
MIN
Les 312 interventions des "laboureurs" et "cultivateurs" des deux cantons de l'Allier représentent au total 11,4 % (9,1 % à Bellenaves et 19,2 % à Ébreuil) de l'ensemble de celle des individus "qualifiés". Les interventions des cultivateurs (244) sont près de quatre fois plus nombreuses que celles des laboureurs (68). Cette proportion globale recouvre en fait une évolution très différente de chacune des deux qualifications : exclusive en 1791, déjà dépassée par celle des cultivateurs en 1792, la part des laboureurs est nulle ou inférieure à 10 % du total de la catégorie au cours des années suivantes.
Extrait
d'une minute de la justice de paix de Bellenaves (Allier)
portant sur la demande d'un laboureur-métayer (4 avril 1791)
"Audience
du 4 avril 1791 tenuïe par Mr. Le juge de paix du canton de
Bellenave et MMs Jacques Barthelemy et Jacques Charbonnier assésseurs.
En
la cause d'entre Sebastien Defretiere laboureur
metayer demeurant en la parroisse de Chirat l'eglise demandeur (…)
Contre Jean et Gaspard Blanzat freres communs meunier et fermier demeurant au Moulin Bourassat ditte parroisse de Chirat l'eglise (…) nous avons les deffendeurs condamné par jugement souvrain a payer au demandeur la somme de neuf livres onze sols pour profit de bestiaux du domaine qu'il cultivait des deffendeurs et qu'ils portent de ferme de la dame Charles, plus celle de dix huit livres pour avoir donné les gerbes pendant six années (…)".
Orthographe et
ponctuation conservées
Extrait
d'une minute de la justice de paix d'Ébreuil (Allier)
portant sur la défense d'un laboureur (6 mars 1791)
"Aujour'huy
six mars mil sept cent quatre vingt onze neuf heures du matin, devant nous
Antoine Juge juge de paix du canton d'Ebreuille assisté des sieurs Henry
Jouandon et Nicolas François Ballet nos assesseurs A comparu Gilbert Petard
charron demeurant au lieu de Chalouze parroisse de Lisolle demandeur - Contre
Jean Vivier dit Fayard laboureur
demt au bourg et parrse de Lizolle.
Led. Petard demandeur en restitution de terrain d'entour une coupée en terre ou bois dans un terroir appartenant aud. Petard situé au terroir de Versennes deppendant du village de Chalouse et en dommages interêt pour raison de six perches que led. Vivier a coupé dans le bois dud. Petard au dessous de lad. terre et pour avoir detruit une demie coupée d'avoine semée dans la terre dud. Petard (…)".
Orthographe et
ponctuation conservées