G.-J.B. Target (1733-1807)

Un glossaire des termes rencontrés

Cultivateur

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ENC

 

 

CULTIVATEUR, s. m. (Écon. Rust.) On nomme ainsi celui qui s'occupe à la culture. Il y a des cultivateurs qui ne font que conduire leurs instrumens, & operent par routine, sans réfléchir sur leur travail. Les bons cultivateurs réfléchissent & observent : ils n'ont rien de fixe pour le tems ou le nombre des labours ; l'état actuel de leur terre, les circonstances des saisons leur servent de regle, ils taillent avec discernement & avec goût : ils mettent chaque semence ou plante à la profondeur qui lui convient : ils n'arrosent pas également & indistinctement toutes leurs plantes, par la seule raison de l'habitude, mais ils étudient l'effet que la sécheresse a produit sur chacune, afin de ne pas surcharger d'humidité celles qui n'en demandent point, & de proportionner la quantité & le tems de l'arrosement au besoin respectif des autres, &c.

Si ces bons cultivateurs étoient en plus grand nombre, on ne verroit pas demeurer en friche tant de terres propres à faire de belles productions ; ni périr tant d'arbres, qui souvent réussiroient assez bien si on les abandonnoit à eux-mêmes : au lieu qu'une mauvaise culture qui les fatigue, occasionne leur ruine. On ne sauroit trop répéter que les méthodes simples & bien réfléchies sont les vrais moyens de tirer bon parti d'un domaine : qu'une culture trop recherchée & compliquée, dont la marche est difficile à appercevoir, & qui suppose des spéculations souvent peu d'accord avec le cours de la nature, conduit le cultivateur à dégrader son bien en dépensant & travaillant plus que les autres : enfin qu'une culture faite avec négligence, machinalement & en suivant la routine qu'on a prise aveuglément en imitant les autres, est préjudiciable à celui qui la fait, & contraire au bien public.

 

 CULTURE DES TERRES, (Comm. polit.) La terre est le dépôt de toutes les matieres propres à satisfaire les besoins physiques auxquels les hommes sont assujettis, & ceux que la commodité a inventés. L'agriculture est l'art de se procurer ces matieres par le travail de la terre. Voyez AGRICULTURE.

Cette définition même indique l'objet de l'agriculture. Son effet est de procurer de l'occupation à une partie des hommes ; sa perfection consiste à fournir la plus grande quantité possible des matieres propres à satisfaire nos besoins, soit réels, soit d'opinion.

Le Commerce en général est la communication réciproque que les hommes se font des choses dont ils ont besoin. Ainsi il est évident que l'agriculture est la base nécessaire du commerce.

Cette maxime est d'une telle importance, que l'on ne doit jamais craindre de la répéter, quoiqu'elle se trouve dans la bouche de tout le monde. La persuasion où l'on est d'un principe, ne forme qu'une connoissance imparfaite, tant que l'on n'en conçoit pas toute la force ; & cette force consiste principalement dans la liaison intime du principe reconnu avec un autre. C'est ce défaut de combinaison qui fait souvent regarder avec indifférence à un négociant l'aisance ou la pauvreté du cultivateur, les encouragemens qu'il peut recevoir, ou les gênes qui peuvent lui être imposées. Par la même raison la plûpart des propriétaires des terres sont portés à envier au commerce ses facilités, ses profits, les hommes qu'il occupe. L'excès seroit bien plus grand, si ces mêmes propriétaires venoient à séparer l'intérêt de leur domaine de l'intérêt du laboureur ; s'il se dissimuloient un instant que cet homme destiné par le hazard à tracer péniblement les sillons d'un champ, ne le soignera jamais qu'en raison de ses facultés, des espérances ou de l'opinion qui peuvent animer son travail. Une nation où de pareils préjugés se trouveroient fort répandus, seroit encore dans l'enfance de l'agriculture & du commerce, c'est-à-dire de la science des deux principales branches de l'administration intérieure : car on ne doit pas toûjours juger des progrès de cette partie, par les succès d'un état au-dehors ; comme on ne peut pas décider de la bonne conduite d'un particulier dans la gestion de ses biens, par la grande dépense qu'il paroît faire (...).

 

 

REF

 

Lachiver (Marcel), Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, A. Fayard, 1997, p. 576.

 

cultivateur, s.m., 1. Celui qui cultive la terre ou un certain produit de la terre./ Celui qui est à la tête d'une exploitation agricole./ Le mot se trouve déjà au XVIe siècle, avec le sens de laboureur (saint François de Sales, Sermons recueillis, 27, IX, 243), mais ce n'est qu'au XIXe siècle qu'il se diffuse largement pour désigner l'exploitant agricole. D'ailleurs le mot n'entre dans le Dictionnaire de l'Académie qu'en 1762 (…).

 

 

MIN

 

Exemple de citation d'un cultivateur dans les minutes de la justice de paix de Bellenaves (Allier), le 4 novembre 1792

 

"Séance du quatre novembre 1792

Aujourd'hui, quatre novembre mille sept cent quatre-vingt-douze, premier de la République française, ont comparu, par-devant nous juge de paix du canton de Bellenaves et ses assesseurs,

Jacques Laubignat, régisseur de la terre de Bellenaves, y demeurant, paroisse du même nom, d'une part,

Et Barthélemy Berton, cultivateur, demeurant au domaine des Baragoins, paroisse de Saint-Bonnet-de-Bellenaves, d'autre part.

Lesquelles parties nous ont dit, savoir ledit Laubignat qu'il lui était dû par ledit Berton une somme de deux cent quatre-vingt-huit livres, dont il réclame le paiement.

Et de la part dudit Berton a été répondu qu'il ne disconvenait pas de devoir la somme demandée par ledit Laubignat, mais qu'il n'avait pas assez d'argent dans ce moment-ci pour la payer.

Et les parties n'ayant pu autrement se concilier, nous avons fait du tout le présent arrêté et avons signé avec nos assesseurs, ledit Laubignat et notre secrétaire-greffier. Quant audit Berton, il a déclaré ne savoir signer".

 

Orthographe et ponctuation modernisées

 

 

 

 

 

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